18. JOANNA PARRISH

Elle était assistante anglaise au Lycée Jacques Amiot d’Auxerre. Elle cherchait à faire du baby sitting. Un homme avait répondu à sa petite annonce. On a retrouvé son corps dénudé sur les bords de l’Yonne en Mai 1990. La jeune femme ne faisait pas partie des victimes qui ont valu à Michel Fourniret d’être jugé à Charleville. Il a récemment reconnu ce crime, mais déjà en 2008 les parents de la jeune fille étaient persuadés de sa culpabilité…et pour cause.

L’ombre de Joanna Parrish plane sur le procès depuis son ouverture, et plus encore depuis l’arrivée dans la salle d’audience des parents de la jeune anglaise. L’autopsie de son corps retrouvé dans l’Yonne en mai 1990 a révélé qu’elle avait été violée et étranglée. A l’époque les Fourniret vivaient non loin de là à Saint Cyr-les-Colons. Monique Olivier avait accusé son mari avant de se rétracter, et Michel Fourniret n’avait pas avoué. Pourtant dans le récit qu’il fait de ses autres crime, c’est souvent celui de Joanna qu’on reconnaît. Il évoque un corps totalement dénudé pour Natacha Danais. C’est une erreur, mais celui de Joanna l’était. Il indique la présence de son fils Selim dans le véhicule quand il enlève Fabienne Leroy en Août 1988. Selim n’était pas né à l’époque, mais il était un bébé quand Joanna disparaît. Et tout comme Fabienne, la jeune anglaise portait ces mystérieuses traces de piqures au bras. Celles qui ont laissé supposer que Fourniret s’essayait à une mort par embolie en injectant de l’air dans les veines de ses victimes. Fourniret en indique deux chez Fabienne, qui n’en porte qu’une, alors que Joanna a été piquée deux fois. Dans la salle des pas perdus, devant les journalistes le père de Joanna dénonce un faisceau de présomptions très lourd, “mais il reste des points d’ombre, dit Roger Parrish, et Michel Fourniret les utilise”. Pressé de s’expliquer sur ses confusions il fait une entorse à son silence. “J’invite les Parrish à me parler en tête à tête”. Il dément toute implication dans la mort de Joanna “et s’il y a eu des erreurs c’est que ma mémoire n’est pas infaillible. Je ne suis pas un surhomme.” “Notez, dit le président, notez s’il vous plait monsieur le greffier.”

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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