UNESCO EN CHAMPAGNE,UNE VRAIE MISSION

  • Dîner de gala caritatif, pique nique, conférence, lâcher de lanternes, randonnée dans le vignoble de Château Thierry…Les temps forts  du  troisième « Séjour des Réconciliations » sont annoncés cette année du 18 au 24 juin*.Ces évènements s’organisent autour de la paix et de la réconciliation dont la Champagne se revendique légitimement comme un symbole fort.
  • Le Séjour des Réconciliations s’adresse  au grand public, à tous les visiteurs français et étrangers et aux champenois, bien sûr . Il est  la partie la plus visible des actions de la Mission UNESCO qui mène par ailleurs un travail de fond pour valoriser l’inscription champenoise au patrimoine mondial en lui donnant  de la visibilité. La préservation de la valeur universelle et exceptionnelle des côteaux, maisons et caves de Champagne est évidemment liée à l’image de ces sites. Ils devront, par exemple, se protéger d’un développement éolien anarchique en respectant la charte  rédigée par la Mission. Contrairement au négoce qui a su protéger et valoriser son image de longue date,  le vignoble est trop souvent défiguré par des décharges ou des contreforts bricolés. Le président de la Mission UNESCO le déplore. « Nos verrues paysagères surprennent beaucoup les étrangers, commente Pierre Emmanuel Taittinger. Quatre tonnes de détritus ont été ramassées en un jour dans le cadre de l’opération « Villages et côteaux propres » au printemps dernier. Cette année nous mettons l’accent sur la signalétique « Patrimoine Mondial ». Mais comment voulez-vous qu’on plante nos panneaux à l’entrée d’un village qui ne joue pas le jeu ? » La tâche est immense, et il faudra du temps avant de s’approcher du modèle alsacien,  mais il y a des raisons d’espérer.
  • DES EXEMPLES À SUIVRE

  • En témoignent ces villages qui ont su se mobiliser pour embellir leur environnement. A Oger, dans la Côte des Blancs, Nelly Dhont était parmi les 7 aventuriers qui ont lancé la candidature au classement de la Champagne il y a 10 ans, derrière Pierre Cheval. Persuadée que l’UNESCO est le meilleur support de communication sur le champagne, cette conseillère municipale ne se fait pas prier pour vous faire découvrir sa commune, ses vignes enherbées et ses parcours de randonnées thématiques. Oger, médaille d’or des villages fleuris depuis 2005 avait une longueur d’avance, et s’agissant d’embellissement, l’émulation ne date pas d’hier. On fleurissait pour faire venir les gens, comme en Alsace. Mais qu’on ne s’y trompe pas :  il s’agit bien ici dans une démarche globale initiée par la mairie qui a su, par exemple, gérer l’hydraulique du vignoble voilà plus d’une vingtaine d’années.

  • Sous l’impulsion du maire , Pascal Desautels, l’incitation à refaire les façades est très forte, et dans le respect des matériaux traditionnels  qui donnent leur cachet au village.  » On va voir les récalcitrants, on leur dit que c’est moche et ça peut aller jusqu’au coup de main pour déblayer les ferrailles, au coup de peinture pour faire oublier la porte qui aurait besoin d’être changée. C’est une guerre de tous les instants, dit Nelly Dhont, il faut que ce soit beau pour les touristes, mais d’abord pour nous. » Et voilà comment l’œil change jusqu’à faire changer les esprits. L’approche devient philosophique, elle tend à respecter l’environnement pour protéger le patrimoine.
  • UNE TENDANCE IRRÉVERSIBLE

  • Benoit Barizet ne dit pas autre chose. Il est le président des vignerons de Cormicy et même  si son village ne figure pas parmi les cinq qui ont été retenus par l’UNESCO, il a à cœur d’en favoriser l’embellissement. Le bâtiment qu’il vient de construire à la sortie du village veut embellir le paysage plutôt que de l’altérer. « On demande à tous de faire attention à ses tours de vignes. On remplace les piquets de métal par du bois, les tôles par de la pierre,  on soigne nos chemins, et on ramasse les déchets si on les voit. Ce ne sont pas des travaux pharaoniques, ce n’est pas toujours une question de moyens. Chacun s’occupe de son terrain , et un petit courrier suffit souvent à marquer les esprits. On est dans une approche différente de celle de nos parents qui ne voulaient pas un brin d’herbe dans les vignes.Aujourd’hui une vigne sans herbe nous paraît lunaire. » La viticulture durable gagne donc du terrain et elle renvoie une belle image. Comme à Oger, tous les vignerons de Cormicy sont passés à la confusion sexuelle qui bloque la reproduction des parasites sans utiliser d’insecticides. « C’est ma grande fierté  dit Benoit Barizet. Tout le monde est d’accord pour poser  en même temps les fameux Raks diffuseurs d’hormones qui empêche les insectes de s’accoupler. Et puis on soigne nos chemins, on ramasse les ordures quand  il y en a « . Les jeunesqui sortent des écoles s’engagent naturellement dans cette démarche environnementale globale. Le courant ne pourra plus s’inverser.

*www.sejourdesreconciliations.fr

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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