0. UNE UNION SCELLÉE PAR LE CRIME

Un couple terne, vieillissant, insignifiant…
Voilà comment les Fourniret sont apparus en première page dans toute la presse il y a 15 ans. Et plus on en apprenait sur leur passé, plus on était tenté de les classer dans la catégorie des monstres. 

Michel Fourniret est né dans une famille d’ouvriers. Scolarité normale, CAP de fraiseur puis de dessinateur industriel. Ni trop d’amour, ni trop d’argent, mais pas de quoi programmer un parcours d’assassin.
Dès l’âge de 24 ans, pourtant, il est repéré pour des actes de voyeurisme et de violence. Quarante ans plus tard on pouvait lui attribuer de façon certaine le viols et la mort de 7 jeunes filles. Ces crimes abjectes ont le plus souvent reçu la complicité de Monique Olivier.
Le premier procès du couple s’est ouvert à Charleville le 25 Mars 2008 pour une durée de 2 mois.
En attendant les débats dans sa cellule, Michel Fourniret écoute alors du Mozart, il joue aux échec et il écrit. Il écrit beaucoup.
Une écriture fine, régulière, serrée, et touffue comme sa prose qui lasse très vite le lecteur…mais pas Monique Olivier. Elle s’en est longtemps délectée.
Car c’est d’un échange épistolaire que leur amour est né en 1985. A l’époque, Michel Fourniret attend d’être jugé pour viol à Fleury Mérogis.
Monique a 37 ans, deux enfants et deux mariages ratés derrière elle. Elle assure, à cette époque, la garde d’une personne handicapée.
Altruiste, elle répond à la petite annonce que le détenu Fourniret fait passer dans le Pèlerin.
Les lettres enflammées suivront, par centaines.
Il promet de tuer son premier mari pour la venger des violences qu’il lui aurait infligées. Elle s’engage à lui fournir des jeunes filles vierges quand il sortira.
Monique Olivier tiendra ses promesses avec un sens du devoir infaillible. Il comparait devant la Cour d’Assises de l’Essonne quand elle le découvre. Il est alors jugé pour les premiers viols qu’on lui connaisse, sur des mineurs déjà. Mais elle ne s’en offusque pas. Quand il a purgé sa peine, 3 ans plus tard, elle l’accueille tout naturellement chez elle.                                         Leur fils Selim naît neuf mois, jours pour jours, après l’assassinat de leur première victime. Difficile de n’y voir qu’un hasard. Isabelle Laville était lycéenne, elle avait 17 ans… et d’autres jeunes filles suivront dont la liste n’est pas exhaustive. Michel Fourniret vient d’avouer 2 crimes de plus, ceux de  Marie Angèle Domèce et Johanna Parrish, confirmés par Monique Olivier. Il n’est pas exclu que celui d’Estelle Mouzin lui soit attribué un jour. Le sinistre inventaire n’est pas clos.                                                                                                                                                                                                     Monique Olivier avait fini par dénoncer son mari pour la première fois après dix sept ans de vie commune. Dix sept années de plaisirs pervers partagés…ou d’enfer ? Ceux qui la défendent estiment qu’il peut y avoir débat. Une certitude : elle est dotée d’une intelligence supérieure, contrairement à ce que son mari voulait croire ou faire croire.

A quelques semaines du second procès du couple, pour un crime crapuleux cette fois, les chroniques qui vont suivre retraceront les temps forts du procès de Charleville. Elles ont été écrites il y a dix ans, au jour le jour. Ce sont des instantanés qui disent pourtant beaucoup des horreurs et des souffrances que les Fourniret ont été capables de produire.

A suivre : SILENCE PERVERS

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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