10. JEANNE-MARIE DESRAMAULT

Avec Jeanne Marie Desramault, Michel Fourniret a joué les dévots, et il a pris tout son temps pour mieux la séduire avec l’indispensable appui logistique de Monique Olivier.

Un couple très sympathique.” C’est ainsi que Jeanne Marie Desramault a pu décrire ceux qui allaient devenir ses assassins. En Janvier 1989, elle rencontre Michel Fourniret dans le train qui la ramène de Lille à Charleville Mézières où elle prépare un BTS.
Elle lit la bible pendant le voyage, et c’est une excellente entrée en matière pour Michel Fourniret qui prétend partager ses convictions religieuses
.
Monique Olivier attend son mari à la gare. On fait connaissance, on sympathise, au point que Jeanne Marie, enthousiasmée par ces échanges, les invite à se rendre au couvent des Bernardines où elle est pensionnaire. Ils refusent, mais c’est pour mieux refermer le piège.
Deux mois plus tard, Jeanne Marie est abordée par Monique Olivier à la gare. Elle accepte de passer un week end dans la maison du couple à Floing , près de Sedan.
Et les choses vont très vite. Tentative de viol. Jeanne Marie se débat si fort que Monique Olivier doit prêter main forte à son mari. Il faut la bâillonner. “S’il m’a demandé d’aller chercher de l’élastoplast, j’y suis allée, concède-t-elle, mais je ne me vois pas le poser. Pour une fois elle s’exprime clairement. Il faut dire que l’enjeu est de taille. Les enquêteurs belges ont compris que c’était elle qui avait réduit Jeanne Mairie au silence en collant le large sparadrap en croix sur sa bouche. Et c’est ce qui lui vaut d’être accusée, comme son mari, du meurtre de la jeune fille. Elle est bâillonnée par Olivier pendant que Fourniret l’étrangle. Jeanne Marie s’est débattue si fort qu’il a fallu en finir très vite pour ne pas alerter les voisins. Jeanne Marie, portée par la foi, forcément vierge donc, il en était persuadé. Mais elle lui a appris qu’elle ne l’était pas et Monique Olivier a su dès lors qu’elle était condamnée. “Le bon dieu vous punira”, Jeanne Marie l’a dit avant de mourir. Le parcours du tueur en série ne s’est arrêté que 4 ans plus tard.

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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