LE COLLÉGIEN S’EST ARMÉ D’UN VRAI FUSIL POUR UN TERRIBLE JEU DE RÔLE

L’adolescent de 15 ans a tiré un coup de fusil de chasse à l’intérieur du magasin Décathlon de Cormontreuil, prés de Reims. Et c’était pour atteindre  celui qu’il poursuivait. Il voulait « le blesser…au moins. » C’est ainsi que le collégien  a commenté son geste devant les policiers.  Il a été mis en examen pour tentative d’assassinat et placé en détention provisoire.  L’agent de sécurité  du magasin avait vu qu’il était armé quand il est entré.  Il l’a suivi et neutralisé avec un sang froid d’autant plus remarquable qu’il y avait une deuxième cartouche dans le fusil. Les plombs se sont  heureusement logées dans un poteau. Dés les premiers interrogatoires, les enquêteurs ont été sidérés par l’immaturité et l’inconscience des protagonistes  de cette incroyable affaire. Aucun dentre eux n’a plus de 16 ans. Pour tenter  de comprendre, il faut remonter à une bagarre entre mineurs de deux quartiers de Reims, Europe et Châtillons, au mois de Fevrier dernier. Rien à voir avec la rivalité  de territoire qui peut s’installer sur fond de trafic de stupéfiants. « Les tensions reposent ici sur des futilités, commente Joseph Merrien, le DDSP de la Marne. Elles sont entretenues par les Textos. » Ils ne s’aimaient pas et c’est à peu près tout ce qu’on comprend de ce qui les oppose. Pour affronter ses ennemis le tireur s’est donc rendu en bus ce mercredi après midi depuis le quartier des Châtillons, où il habite, jusqu’à Cormontreuil. Le fusil de chasse (canon juxtaposé de calibre 16) voyage dans son sac. Une jeune fille avait été chargée par 4 jeunes du quartier Europe de le faire tomber dans un guet apens devant le Lycée Pol Fort. Mais elle l’a finalement prévenu de ce qui l’attendait. Il s’est donc armé pour mettre l’ennemi en échec, mais il a fini par renoncer. La partie ne pouvait pas s’arrêter là.  Un second piège est très vite échafaudé un peu plus loin devant le magasin Décathlon par ceux du quartier Europe. Cette fois, le collégien fait face à                      ses adversaires. Trois d’entre eux prennent la fuite en voyant le fusil.  Le quatrième se réfugie dans le  magasin. Il le suit, et il fait feu.  Les plombs se plantent dans un poteau à une hauteur d’un mètre 45. Ils auraient pu tuer s’ils avaient atteint leur cible ou un client du magasin. Placé à en garde à vue le tireur n’a faibli à aucun moment. Il n’a exprimé aucun remord. Tout comme ses parents qui ont été entendus, il ne semblait pas avoir conscience de la gravité de ses actes. Il s’était procuré son arme quelques semaines plus tôt, avec l’intention de blesser et peut-être  de tuer ses rivaux des autres quartiers de Reims. Aucun signe avant coureur de cette agressivité n’avait été décelée jusque là chez le collégien. Aucune trace d’alcool ou de stupéfiants. «Ça ressemble à un glissement pervers, de la virtualité du jeu vidéo à une volonté assumée de passer à l’acte, sans conscience de la portée du geste. Mais nous ne le traiterons pas comme un joueur» annonce le Procureur Matthieu Bourrette. Outre le chef de tentative d’assassinat, le collégien est mis en examen pour port d’arme prohibé de catégorie C et refus de fournir les données permettant de dévérouiller un téléphone portable.

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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