D’UN CAMPEMENT À L’AUTRE

  • L’intervention de la police n’a pas été franchement brutale, mais ferme et sans appel. Jeudi dernier les  réfugiés qui campaient sur un terre plein du Boulevard Eisenhower, à Reims, ont été contraints de démonter leur tentes. Quatorze  adultes et sept enfants , âgés de 18 mois à 8 ans,  à qui on a signifié qu’ils devaient  partir ailleurs…mais où ? Personne ne le savait. L’évacuation faisait suite à la plainte de  Reims Habitat, l’organisme logeur qui gère les appartements voisins du camps.

 

Une des familles (une future maman, son mari et leur petite fille) a été reçue à l’Armée du Salut sur ordre du Prefet. Les autres ont déplacé leurs tentes de quelques mètres en bordure du parc Saint John Perse. Mais ça ne peut être que provisoire. Accompagné par un policier, un huissier est venu constater cette occupation illégale de l’espace public par les migrants quelques heures plus tard. Et cette intervention ne laisse aucune illusions aux bénévoles du Collectif 51 qui les accompagnent. A la faveur d’un repas partagé sous les arbres du parc ,dimanche soir, ils ont voulu être  clairs avec eux . Rien  n’est gagné pour eux ni pour ceux qui continuent d’affluer,albanais, kosovars,  ukrainiens, tchétchènes…Certains pourraient être accueillis bientôt dans des structures d’hébergement d’urgence,  si la régularisation de leur dossier  de demandeur d’asile est envisageable. D’autres pourront  bénéficier d’un emplacement au camping du Bois d’Amour pour 4 euros par jour, 120 euros par mois . Mais qui va payer ?

L’ESPOIR D’UNE POLITIQUE MIGRATOIRE DIGNE

Les migrants du Parc Saint John Perse ne sont pas les seuls sur l’agglomération rémoise. D’autres se sont posés à Bezannes. Ils seraient une centaine en tout, en attente de régularisation… ou d’expulsion. Reims Habitat qui s’est vu reprocher de faire évacuer le camps  du Boulevard Eisenhower, a pilonné le message : l’organisme logeur a rappelé à la Ville et à l’Etat qu’il disposait de logements où les réfugiés pourraient être accueillis dignement, en toute sécurité. Mais ce ne sera pas gratuit. Une fois de plus, les bénévoles sont confrontés aux limites de leur générosité. Lassés de colmater sans apporter de solutions définitive, ils dénoncent une stratégie d’esquive  des autorités qui renverraient  les migrants d’une administration à l’autre, d’un pays à l’autre,  Parfois sans humanité. Peut-on attendre mieux du nouveau gouvernement ?

 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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