POUR LES MIGRANTS, RIEN NE CHANGE

  • On s’y attendait, et ça n’a pas tardé :  de nouveaux migrants viennent de s’installer dans le parc Saint John Perse à Reims. Ceux qui les avaient précédés, ils étaient une quarantaine, ont été logés ou mis à l’abri après un passage de 48 heures sur le campus Croix Rouge, tout près de là. Guillaume Gellé, le Président de l’Université ayant alors décidé la fermeture de la faculté pour des raisons de sécurité, l’Etat a réagi rapidement. Les familles ont été relogées, d’autres sont hébergés à l’Armée du Salut dans les couloirs ou au réfectoire, d’autres encore ont été redirigés en Bretagne ou en Normandie. De sorte que deux frères, dont un mineur, ont été séparés. L’afflux des migrants ne se tarit pas pour autant. Et les bénévoles qui se sont mobilisés depuis près d’un an maintenant au sein du  Collectif 51 sont démunis.

« Tant que l’Etat ne prend pas les choses en mains, il n’y a d’autre solution que de les envoyer sur le Parc Saint John Perse » déplore un des bénévoles du collectif d’associations. Interpellé par l’opposition, le maire de Reims Arnaud Robinet a rappellé que la ville ne pouvait pas se substituer à L’Etat dans la prise en charge des immigrés, se refusant par ailleurs à encourager les filières de passeurs. Mais ça ne les empêche pas de rester trés actives. Dans les courriers adressés au Prefet de la Marne, Christian Dennis, une des chevilles ouvrières du Collectif 51, rappelle que le Président Emmanuel Macron s’est engagé à créer partout des hébergements d’urgence : « Je ne veux plus d’hommes et de femmes dans la rue ». Pourquoi, dans ces conditions, ne  pas ouvrir les locaux vacants ? Il y en a dans les parcs HLM ou dans des bâtiments que les collectivités n’utilisent plus. Mais ce serait  favoriser le fameux « appel d’air » qui fait si peur.

DES PROMESSES ET DES DEVOIRS NON TENUS

François Godard, chimiste chercheur de son état, est aussi l’initiateur des cercles de silence à Reims, dans la foulée de ceux qui ont été imaginés en 2007  par les Franciscains de Toulouse pour soutenir ceux qu’on  appelait  alors les « sans papiers ». Tous les deniers mardi du mois depuis prés de 10 ans, les citoyens de toutes confessions et de toutes origines sont ansi appelés à se recueillir place d’Erlon pour protester en silence contre la politique d’immigration de la France. « Je trouve curieux qu’on voie les migrants comme un danger plus que comme un enrichissement « dit François Godard. « Avant les élections on nous disait qu’on faisait le jeu du Front National en étant trop laxiste. Mais là ça continue. On les renvoie dans des pays qui ne sont pas sûrs. A Reims, il a fallu que le blocage de l’université  soit médiatisé pour que les choses bougent. Mais aprés ? Le 115 est bloqué, il n’y a pas la place de loger tout le monde. Pourtant la France a signé des conventions internationales qui doivent être respectées. » Après… c’est aussi la grande inquiétude de Christian Dennis. L’hiver dernier un grand élan de générosité avait permis de payer les chambres d’hôtel des réfugiés pendant plusieurs semaines. « Nous ne pourrons pas recommencer cette année. »

 

 

 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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