- L’ex élue du Parti Socialiste Sabrina Ghallal comparaissait devant le Tribunal Correctionnel de Reims pour l’organisation d’un mariage blanc en Décembre 2013. Des faits aggravés par l’abus de faiblesse qu’elle aurait exercé sur le marié pour le convaincre d’épouser une jeune algérienne sous le coup d’une OQTF, une obligation de quitter le territoire français. Le procureur a requis un an d’emprisonnement avec sursis. Le jugement sera rendu le 4 juillet prochain.
Mais pourquoi Sabrina Ghallal se serait-elle embarquée dans cette galère ? On est en droit de se poser la question, et l’avocat de la défense ne s’en prive pas. Quand ce mariage a été conclu en décembre 2013, explique Simon Miravete, la jeune femme avait déja un long passé de militante derrière elle. Elle avait maintes fois tiré sur toutes les ficelles administratives, maintes fois joué de ses influences de femme politique, de son réseau militant, pour régulariser la situation d’étrangers menacés d’expulsion, qu’ils soient ou non d’origine algérienne comme elle. Cette conseillère générale très versée dans les affaires sociales savait qu’il suffit de déposer une recours pour geler une OQTF, et plus rapide encore, de faire une demande d’aide juridictionnelle, ce que Rachida, la mariée, n’avait d’ailleurs pas manqué de faire. Reste que le mariage a bien été conclu le 31 Décembre 2013. S’agissant d’une ressortissante algérienne à qui on a signifié une OQTF un mois plus tôt, la date a de quoi interpeller un fonctionnaire attentif. Voilà comment le dossier de Rachida est transmis au parquet. Convoqué au commissariat le mari Arnaud Flammang, militant socialiste, passe trés vite à des aveux circonstanciés : il a accepté ce mariage blanc pour rendre service, pour que Rachida puisse rester en France auprès d’un père gravement atteint par le cancer. Et il ajoute que c’est Sabrina Ghallal qui a fait pression sur lui pour qu’il accepte d’épouser la sœur d’une de ses amies, abusant de sa fragilité psychologique. C’est pourquoi il a finalement porté plainte contre elle pour abus de faiblesse
UNE CHRONOLOGIE ACCABLANTE
Pour le Procureur de la République, la chronologie des faits est accablante. Un mariage précipité après l’OQTF, des échanges téléphonique entre les « fiancés » à partir du 12 Décembre, le jour où la décision du mariage a été prise. Les relevés téléphoniques contredisent par ailleurs l’affirmation, par Rachida, d’une liaison plus ancienne. La culpabilité des deux prévenues ne fait donc aucun doute. Il requiert un an d’emprisonnement avec sursis pour chacune d’entre elles, à la stupeur de la défense. « C’est la premier fois dit Daouda Diop, l’avocat de Rachida, que j’assiste à des poursuites dans ce type d’affaire. On se contente habituellement de prononcer la nullité du mariage. Ici, trois ans aprés, il n’est toujours pas dissous. Arnaud Flammang a fait le choix de la morale contre la loi. Mais si l’abus de faiblesse n’est pas avérée, il cesse d’être une victime. » …pour devenir coupable.
QUELLE FAIBLESSE ?
La fragilité psychologique d’Arnaud Flammang est certifiée par les experts mais ils ajoutent qu’elle est imperceptible à qui n’évolue pas dans le champ de la psychiatrie. Tout au long de l’audience il renvoie d’ailleurs l’image d’un homme trés structuré, intelligent et maître de lui. « Il dénonce un abus de faiblesse, dit Simon Miravete, pour échapper aux poursuites. On n’a aucune certitude sur la façon dont s’est déroulé ce fameux entretien. Ça s’est passé dans les locaux de la CGT où Arnaud Flammang avait des responsabilités. Sabrina Ghallal dit qu’elle n’y etait pas. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’enquête sur cet épisode ? » Et la théorie du complot refait surface.
UNE MISE À MORT
On a voulu, selon l’avocat, ruiner la carrière politique de Sabrina Ghallal. Les instances socialistes voulaient se débarrasser d’elle, l’empêcher d’être candidate aux législatives, et cette affaire a bel et bien signé la fin de son parcours d’élue. Simon Miravete ne craint pas d’évoquer des manipulations au plus haut niveau, celui du Secrétaire Fédéral du Parti Socialiste de la Marne. Convaincu qu’il était en relation avec Arnaud Flammang dans cette affaire, il a demandé qu’il soit convoqué par les enquêteurs, en vain. L’avocat affirme en concluant sa plaidoirie qu’il demanderait un supplément d’information pour que Nicolas Marandon soit entendu …si Sabrina Ghallal n’était pas relaxée par le Tribunal Correctionnel de Reims. Décision attendue le 4 juillet.