PIÈGE MORTEL À MOURMELON

KEVIN N’A PAS PU SURVIVRE AU GUET APENS DIABOLIQUE DE CE COUPLE DE LYCÉENS 

Elle est libre, il est détenu. Mais ils comparaissent ensemble devant la Cour d’Assises des Mineurs de la Marne pour l’assassinat de Kevin Chavatte. Le lycéen de 17 ans avait été le petit ami de la jeune fille. Sur fond de rivalité amoureuse il  était devenu la bête noire de l’autre accusé.  Au centre de ce jeu d’amour et de haine, Kevin a perdu la vie. Il a été mortellement frappé par le garçon d’une trentaine de coups couteau. Cette agression sauvage en plein jour dans un parc de Mourmelon avait été minutieusement préparée par le couple.

Le 2 juin 2018 à 15 heures elle a posté un selfie sur SNAPCHAT. On y voyait Kevin assis près d’elle sur un banc du Parc du Bois des Sœurs. Comme deux copains d’enfance qui profitent du week-end pour se retrouver. Elle préparait en effet son bac loin de Mourmelon, dans un lycéee médicalisé en Meurthe-et-Moselle. Quelques secondes plus tard elle lançait un appel au secours sur le 17, essouflée, paniquée, en larmes. Elle indiquait que Kevin venait d’être frappé à coups de couteau par un homme, un grand costaud bazané en tenue de combat. Il avait tenté de lui voler son sac avant de s’enfuir. Ce récit d’une agression extrêmement violente, commise en plein jour pour s’emparer du sac d’une adolescente, devait rapidement intriguer les gendarmes. Autant que la description de l’agresseur présenté par la lycéenne comme un rambo terrifiant. Mais ils étaient loin de se douter que Kevin avait perdu la vie dans un piège machiavélique tendu par une ex petite amie et son amoureux transi.

RELATIONS TOXIQUES

Il était fou d’elle, il est devenu son bras armé. Il a pris l’apparence d’un rôdeur, pour venir tuer son rival en plein jour dans un jardin public, là où elle avait su l’attirer. Passionné par les armes et la chose militaire, il s’est naturellement servi du couteau que son père lui avait offert à Noël.  Rien n’explique vraiment le passage à l’acte sauvage du jeune homme, si ce n’est le pouvoir de manipulation hors du commun de son idole. Elle a su le convaincre de la venger de ce que Kévin lui aurait fait subir. Mais rien n’est avéré. La mort préméditée de l’ex petit ami n’a d’autre cause qu’un besoin de vengeance obsessionnel pour des griefs futiles ressassés dans d’innombrables messages. Il sont une mine d’information pour les enquêteurs qui parviennent à les décrypter même quand ils ont été volontairement effacés. Ils révèlent une sexualité virtuelle ou réelle, mais en tous cas libérée. Les images ne manquent pas et les querelles amoureuses sont difficiles à suivre. Mais l’idée de la mort et la volonté de voir mourir Kevin ne quittent pas cette toute jeune fille. Les parents des deux garçons, assassin et victime, leurs avaient d’ailleurs demandé de cesser de la fréquenter en raison des relations toxiques  quelle entretenait avec eux.

UNE MANIPULATRICE HORS PAIR

L’accusée  a été durement marquée par une malformation cérébrale. Les traitements qui lui ont été administrés sont venus à bout de ses multiples crises d’épilepsie. Elle n’en souffrait plus au moment du drame. Mais plusieurs tentatives de suicides, simulées ou réelles, ont jalonné son parcours. Bien que n’ayant pas physiquement participé à l’agression de Kevin , elle est jugée pour assassinat, au même titre que son coaccusé. La liberté dont elle jouit encore à l’ouverture de son procès n’est que le résultat d’une malencontreuse erreur de procédure. Car l’intention d’agir en commun avec celui qui tenait le couteau ne fait pas de doute pour l’accusation. Les analyses téléphoniques ont ainsi révélé que Kevin gisait dans son sang, déjà mortellement blessé, quand elle a pris le temps d’envoyer ce selfie idyllique. La mise en scène d’un moment d’amitié partagée un samedi de printemps dans un jardin public. Ce raccourci révèle à lui seul les capacités de simulation d’une jeune fille décrite comme une manipulatrice redoutable. Beaucoup de ceux qui l’ont approchée en témoignent…et plus tard les experts qui l’ont examinée.

Au terme d’un procès de 4 jours à huis clos, le jeune homme qui a mortellement frappé Kevin a coup de couteau a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Sa coaccusée considérée comme l’instigatrice a écopé d’une peine de 19 ans 

 

 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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