Les vendanges devraient commencer fin Août. Le tassement des ventes a conduit le Comité Champagne à baisser drastiquement les rendements à 9000 kilos par hectare. Cette décision de l’interprofession est parfois critiquée, notamment par les Vignerons Indépendants.
Avec un rendement à l’hectare de 9000 kilos commercialisables, la Champagne vient de fixer le volume de sa production à 255 millions de bouteilles pour l’année 2025. Il s’agit d’une décision concertée, comme chaque année, entre les deux grandes familles de l’appellation : le Comité Champagne regroupe 16 000 vignerons et 350 maisons de champagne.
RÉALISME …
Le rendement était à 11400 kg en 2022, 10 000 kg en 2023. Il descend à 9000 kg cette année. Pour la 3ème année consécutive, la Champagne choisit donc de réduire la voilure, malgré la récolte prometteuse qui s’annonce dans les vignes. Car la nature n’est pas en phase, cette année, avec la réalité économique.
La Champagne n’a expédié que 271,4 millions de bouteilles en 2024, soit une baisse de 9,2% (après un recul de 8,2% en 2023). A quoi s’ajoutent les taxes fixées à 15% sur les vins et spiritueux par Donald Trump dans sa guerre commerciale. La grande force de la Champagne à toujours résidé dans ses capacités d’adaptation. Comme le rappelle le Comité Champagne, son choix « permet d’ajuster la production aux réalités du marché ….dans une stratégie de déstockage progressif …afin de préparer collectivement un avenir serein. »
… OU PRUDENCE EXCESSIVE
La décision était prévisible et elle s’applique à tous en Champagne. Mais elle provoque l’inquiétude des Vignerons Indépendants. Cette fédération compte près de 400 vignerons producteurs, dont un certain nombre (70 exploitants) a vendu la totalité de sa production. Ces résultats démontrent, selon le communiqué des Indépendants, qu’ils sont des dirigeants compétents. Et ils martèlent, cette année encore, la nécessité d’un rendement suffisant, autour de 10500 kg, pour assurer le fonctionnement de l’entreprise, et stable sur plusieurs années. Parce qu’ils ont besoin d’une visibilité de plus de quelques mois pour diriger leurs entreprises et faire les bons choix. Sans parler du risque de décourager les jeunes exploitants de continuer à produire leurs bouteilles. La tentation de céder ses raisins au négoce deviendrait en effet particulièrement séduisante dans ces conditions incertaines.