La plainte pour proxénétisme déposée par une jeune femme a secoué le gotha rémois il y a 4 ans. D’abord parce qu’elle visait un photographe en vue qui n’était autre que son mari. Ensuite parce qu’elle révélait, en marge de cette affaire, que bon nombre de notables se livraient à des pratiques libertines certes parfaitement légales, mais néanmoins très étonnantes pour qui n’en est pas adepte. LIRE ICI Quatre ans plus tard, le Tribunal Correctionnel de Reims a bel et bien prononcé contre Dimitri Bois une peine de 18 mois de prison dont 4 fermes, pour proxénétisme .
”Il aimait le sexe, elle aimait l’argent.” C’est ainsi que l’avocat de Dimitri Bois résume la relation du couple. Pour maître Rousselle, la plainte pour proxénétisme est arrivée à un moment où son épouse voulait le quitter pour un autre homme. Elle n’avait d’autre but que de lui retirer leur enfant. Et les sommes qui ont été perçues par Dimitri Bois, argumente l’avocat, n’ont servi qu’à couvrir des frais de lingerie, d’objets sexuels ou de chambres d’hôtel.
UN PROXÉNÉTISME AVÉRÉ
EACP contre le proxénétisme s’est constituée partie civile dans ce dossier. Cette association est ici représentée par Maître Valérie-Anne Janssens. Elle réfute la thèse de la victime consentante. Le lien affectif du couple a favorisé une évolution en douceur, pour l’avocate, jusqu’à ce que la jeune femme se rende compte que les choses allaient plus loin que ce qu’elle voulait. “ Tout d’un coup ça dérape, on n’est plus dans les codes du libertinage mais bien dans une affaire de proxénétisme, puisqu’il y a échange d’argent.” S’agissant de prestations tarifées particulièrement glauques, le prévenu ne s’est pas remis en question à l’audience. Les libertins qui fréquentaient régulièrement l’adresse très courue de l’avenue de Laon à Reims ont d’ailleurs précisé, durant l’instruction, que leurs pratiques n’avaient rien à voir avec ce que la justice à pu reprocher à Dimitri Bois..
UN COMBAT LIBERATEUR
Entre le photographe-vidéaste et la jeune femme qui tenait une boutique de lingerie coquine, tout a effectivement commencé par une histoire d’amour. Des images attestent d’ailleurs d’une vie de couple harmonieuse où l’argent ne manquait pas. Ils ont choisi ensemble d’avoir un enfant, aujourd’hui âgé de 10 ans. Et c’est pour le protéger qu’elle a souhaité une audience à huis clos. Dans la salle des pas perdus, elle explique en retenant ses larmes que sa prise de conscience a été progressive après une période de sidération. ”Il fallait que je me relève, que je récupère et que je sois à nouveau digne, parce que j’ai perdu une partie de moi. Ce n’était pas du tout du libertinage, et je n’avais pas le droit de dire que je n’étais pas bien.” Après la révélation de cette affaire, on a cru que deux autres femmes, appelées “soumises” dans le jargon libertin, viendraient renforcer l’accusation. “Elles ont eu peur” commente la plaignante.
DE L’UTILISATION D’UN CORPS DE FEMME
Pour elle, en tous cas, les mots du Ministère Public à l’audience ont été un baume. Et son avocate, Maître Manesse-Chemla (image en haut de page), insiste sur l’importance du message délivré par la procureure, Mathilde Campagnie, à l’adresse du prévenu : “ Elle a le droit de faire ce qu’elle veut de son corps, mais vous n’avez pas ce droit. Vivre avec elle ne vous autorise pas à définir les conditions d’utilisations de son corps.” Pour Pauline Manesse, la peine de 18 mois dont 4 fermes (contre 8 mois fermes requis), est “une peine qui a du sens” parce qu’elle reconnaît le proxénétisme. Selon Maître Rousselle, le tribunal n’avait d’autre choix que de couvrir la détention provisoire déjà effectuée. S’y ajoute tout de même une amende de 20 000 euros en complément de la peine. Dimitri Bois, décrit comme une personnalité perverse et narcissique par les experts, a par ailleurs l’obligation de se soigner et de travailler, ce qui est déjà le cas. L’association AECP recevra 600 euros. Les sommes ainsi récoltées sont utilisées dans le soutien des victimes du proxénétisme.