C’est un restaurant où on se régale d’une cuisine simple tout en luttant contre le gaspillage. Les plats végétariens (ou végétaliens) y sont préparés essentiellement à partir de produits invendus. À la Cantine des Bons Restes, ceux qui le souhaitent peuvent participer à la préparation du repas. Les autres doivent s’inscrire au plus tard le matin pour un déjeuner dont le prix est laissé à l’appréciation de chacun.
Les odeurs qui s’échappent de la cuisine ouverte sont un premier pas vers le bonheur. Ce jour-là il y a un velouté de pois cassés et carottes, des légumes à l’asiatique et un gâteau invisible aux pommes. Des bénévoles sont en train de dresser de longues tables pour le déjeuner. D’autres s’activent dans la cuisine avec Sandrine Libeaut qui coordonne les opérations.

PARTICIPATIF ET CONVIVIAL
Ainsi pourrait-on définir l’ADN du restaurant associatif qui s’est installé voilà quelques années dans un ancien local professionnel, en bordure du quartier Clairmarais à Reims. On peut y déjeuner une semaine par mois, du mercredi au samedi. Le menu unique, entrée, plat, dessert, est différent chaque jour. Un seul service à midi sur des grandes tables partagées qui peuvent accueillir jusqu’à 30 couverts. L’objectif est de sensibiliser les convives à une alimentation saine et durable, en pleine conscience de son impact environnemental. La cuisine est équipée comme à la maison. On y travaille les invendus de producteurs bio : fruits, légumes, pain, chocolat… Ce « marché » est la base d’une réflexion qui va permettre d’utiliser les produits pour l’élaboration du menu du jour. Ce qui manque est acheté chez des fournisseurs bio. L’idée, c’est de donner envie de cuisiner des plats maison en partant de produits bruts, même s’ils sont moches. « On fait ensemble et chacun garde ce qu’il veut pour fonctionner dit Bénédicte Pomarède. » Elle est chargée de missions dans cette démarche de sensibilisation.
L’ANTIGASPI FESTIF
A l’origine de cette belle histoire, il y a eu la volonté de combattre le gaspillage alimentaire dans la joie et la bonne humeur. Ce mouvement, né en Allemagne et baptisé Schnippel Disko, est reproduit en France par des étudiants Erasmus sous le nom de Disco Soupe. L’association est créée à Paris en 2012. A Reims comme dans d’autres villes, quelques personnes ont eu l’envie de monter une antenne Disco Soupe dans la foulée. « On va sur la place publique avec notre infrastructure, explique Bénédicte, -table, chaises, fourneaux pour récupérer des invendus et on cuisine avec toutes les contraintes indispensables au niveau de l’hygiène. » L’opération est idéalement accompagnée d’un groupe de musique en live. Sinon, une enceinte fait l’affaire. Au bout de 2 ans, des rémois ont voulu s’impliquer plus durablement dans cette démarche. Voilà comment Les Bons Restes sont nés en 2016. L’association compte aujourd’hui 3 salariés, dont Bénédicte et Sandrine, qui sont épaulés par une cinquantaine de bénévoles tous impliqués dans la sensibilisation à l’alimentation durable. Mais aujourd’hui encore ,tout le monde peut créer un événement Disco Soupe. « Nous, Les Bons Restes, on peut accompagner la démarche avec notre logistique précise Bénédicte. : signalétique, bassines, zone sale, zone propre, bassines, trépied pour cuisiner, vinaigre pour désinfecter, etc… »
UN SAVOIR FAIRE QUI FAIT ÉCOLE
Après le restaurant, d’autres projets ont suivi, comme la production de bocaux à partir des légumes ou fruits invendus, récupérés auprès des partenaires des Bons Restes et revendus aux adhérents. La volonté de ne pas se limiter à l’antigaspi a pris corps petit à petit en élargissant à l’alimentation durable. Les événements Disco Soupe sont devenus des temps forts, avec des films et des débats en partenariat avec la ville. A quoi s’ajoute chaque année un festival au mois de Juin pendant lequel le restaurant est ouvert midi et soir. La manifestation s’articule autour de la transmission de savoirs très divers. Et les Bons Restes sont désormais organisateurs d’ateliers de sensibilisation de la maternelle et même la crèche jusqu’aux personnes âgées, en partenariat avec le champ médico social. On cuisine cette fois en groupe fermé, soit au restaurant, soit auprès des partenaires qui sollicitent l’association. Les demandes émanent d’organisations très diverses, et même du service de gestion des déchets d’Epernay. Les Bons Restes y organiseront bientôt un atelier gourmand végétal pour Noël



