L’immense photographe Sebastiao Salgado est mort quelques heures avant le vernissage de l’exposition de son fils né trisomique. Une centaine d’œuvres de Rodrigo sont présentées dans l’ancienne église du Sacré Cœur à Reims où le prestigieux atelier de vitraux Simon-Marq s’est installé depuis 4 ans. C’est là que les maîtres verriers rémois ont réalisé, à partir des œuvres de Rodrigo Salgado, les 16 vitraux qui illuminent désormais la nef de béton.
La force des œuvres qui investissent l’ancienne église est saisissante. Les tableaux de Rodrigo y sont exposés jusqu’au 30 Septembre. Mais la lumière des vitraux qui ont été créés à partir des plus anciens de ses tableaux appartient désormais à ce haut lieu de création. Pour toujours. Et cette explosion de couleurs est aussi un vibrant hommage au savoir-faire des maîtres verriers de l’atelier Simon-Marq.
DES LIENS SI FORTS
La scénographie de l’exposition que l’on doit à la mère de Rodrigo, Lélia Wanick Salgado, est aussi sobre qu’instructive. Elle nous renseigne sur la genèse d’une œuvre scellée par le lien. Celui d’un couple hors norme qui a permis à ce fils né trisomique de s’adonner à la création, chaque jour sans exception et parfois même la nuit. Sa relation quotidienne et solitaire avec la feuille de papier, de taille unique, et les feutres aux innombrables couleurs, s’est doublée plus tard d’une grande complicité avec un artiste peintre. Un voisin interpellé par les œuvres qu’il devinait en passant devant les fenêtres de la famille Salgado.
UNE AMITIÉ SI BELLE
Voilà donc comment Michel Granger est devenu l’ami de Rodrigo et de sa famille. Cantonné dans un rôle de conseiller technique, il affirme n’avoir jamais eu à influencer l’artiste, parce que sa créativité est foisonnante. Et que dire encore de cet autre lien entre le créateur et son mécène. La maison Taittinger offre ici sa première exposition à Rodrigo Salgado. À 45 ans, il souffre d’un vieillissement précoce. Son autonomie en est affectée. Il en souffre.et ses oeuvres récentes en sont assombries. Il se déplace de plus en plus difficilement. Mais le jour du vernissage, il a pu quitter son fauteuil le pour parcourir les allées de l’exposition, dans la lumière des vitraux de l’atelier Simon-Marq.