PÂQUES ORTHODOXE À LA CHAPELLE RUSSE DE SAINT HILAIRE LE GRAND, VRAIMENT TRÈS LOIN DE L’UKRAINE

Pâques est sans doute la fête la plus importante pour les chrétiens orthodoxes. Dans la chapelle de l’Ermitage de tous les Saints de Russie, près de Mourmelon, les offices ont déplacé une cinquantaine de fidèles. Mais la souffrance de l’Ukraine, pourtant très orthodoxe, n’a été évoquée à aucun moment. Décryptage. 

Ce morceau de Russie s’est ancré sur la route d’Aubérive depuis 1937, quand l’association du  souvenir du corps expéditionnaire russe y a érigé une chapelle. Le monument a été construit à la mémoire des soldats russes morts aux champs d’honneur durant la  première guerre mondiale. Lire ici. Comme un joyau de cette morne plaine champenoise, la chapelle de style Novgorod veille sur un cimetière où reposent 915 soldats russe. 

LE SOUVENIR ET LA FOI 

A quelques mètres des longues rangées de croix s’est établi l’Ermitage Orthodoxe de tous les Saints Russes, doté d’une autre chapelle (ci-dessus). Voilà pour l’Histoire. Au-delà des commémorations officielles, le culte orthodoxe y est régulièrement célébré là par le Père André, pour des fidèles peu nombreux mais d’autant plus fervents. Ils se sont  évidemment déplacés en ce dimanche de Pâques orthodoxe. Pâques un peu particulière pour qui  s’intéresse à l’Ukraine 

 La branche orthodoxe du christianisme y est majoritaire à 65%. Le conflit avec la Russie y fait rage depuis deux mois. Les récents sermons du patriarche Kirill de Moscou ont  justifié  l’invasion du pays. Pourtant  il ne sera pas dit un mot de cette guerre à l’Ermitage de Saint Hilaire le Grand

PAS DE POLITIQUE 

Le père André, qui vient de célébrer les vêpres, accepte volontiers de motiver ce silence. Le prêtre explique qu’il prie pour la paix, mais sans faire de politique. Il ajoute que les offices de Pâques ne prévoient pas d’homélie, donc pas d’expression libre. Il affirme encore que les paroles du patriarche de Moscou, dont il dépend, n’ont pas la teneur que les médias lui ont attribuée puisqu’il n’aurait jamais nommément abordé l’invasion russe.  Il s’agirait, selon le père André, d’une erreur d’interprétation liée à la difficulté de la traduction. Et il rappelle enfin qu’il ne dépend pas du patriarche mais du patriarcat, dont il n’a aucune raison de se  démarquer tant que sa liberté de penser est respectée.

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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