Meilleur sommelier du monde, en 1992 à Rio, Philippe Faure Brac, collectionne les distinctions et les honneurs. Il vient d’être sacré champenois de l’année par le magazine Bulles et Millésimes. Il est vrai que sa complicité avec le champagne est une longue histoire, jalonnée de signes qui ne trompent pas.
Dès 1984, Philippe Faure Brac a reçu le Trophée Ruinart, consacrant son titre de meilleur jeune sommelier de France. La chance d’apprendre sur le champagne et son histoire a commencé par là. « C’est ce qui m’a ancré dans la Champagne ». Et cette connivence ne s’est jamais démentie.
DES SOUVENIRS PLEIN LA TÊTE
« Le champagne a toujours fait partie de ma vie, dit aujourd’hui Philippe Faure Brac. Je pourrais écrire un livre sur mes souvenirs champenois ». Il faut dire que les occasions de vivre de grands moments de ce terroir ne lui ont pas manqué. Et il en garde des souvenirs émus. Ainsi le fastueux 150ème anniversaire de la Maison Moet et Chandon en 1993 à Versailles. Ou la création de l’Esprit du Siècle pour le passage au 3ème millénaire. Cette cuvée est née de l’assemblage des millésimes remarquables de la grande maison, de 1900 à 1990. « J’ai pu participer à la dégustations des différentes composantes des 323 magnums issus de cet assemblage. » Quelques happy few, (dont Kenzo, Ornela Mutti … et Philippe Faure Brac) ont été reçus à cette occasion au Chateau de Saran pour y recevoir un de ces rares magnums… à déguster un siècle plus tard, en 2043. « J’aurais 83 ans… c’est jouable ! » Pas question d’être blasé pour autant… « Parce que la Champagne se renouvelle en permanence.» Il salue une région parmi les plus créatives aujourd’hui, ou beaucoup de vignerons ont pignon sur rue.

LE DYNAMISME CHAMPENOIS
Son récent passage chez Henry Giraud, à Aÿ, lui a fait découvrir de très belles initiatives, autour de la réhabilitation du ratafia champenois dont la production est aujourd’hui encadrée par un cahier des charges très strict. Il salue aussi la réintroduction des chênes de la forêt d’Argonne pour la fabrication des fûts du domaine. LIRE ICI Gérard Bonal, l’historien du champagne, fréquentait régulièrement le Bistrot du Sommelier. C’est le restaurant parisien de Philippe Faure Brac. De leurs multiples échanges, il a acquis la conviction que la Champagne, abîmée par les guerres, a toujours su se redresser. « La diversité, le dynamisme de la Champagne lui permettront de sortir de la mauvaise passe actuelle. Il faut, dit-il encore, maintenir la qualité, parce que les trés bons crémants existent. Ce qui est rassurant c’est qu’il y a une vraie appétence pour la bulle. Dans mon restaurant c’est le champagne qui fait vibrer, même si je conseille des crémants. Le seul bémol, c’est qu’il ne doit pas devenir inaccessible. Actuellement, le balancier revient. »



