PLUSIEURS POLICIERS LYNCHÉS, PARCE QU’ILS SONT POLICIERS

Rien n’explique cette agression particulièrement violente dans le centre de Reims, contre des policiers qui n’étaient pas en service. Rien… à part le fait que leurs agresseurs savaient qu’ils étaient policiers. Une dizaine d’hommes sont impliqués dans ce tabassage en règle qui a blessé 7 fonctionnaires. Deux des agresseurs ont été interpellés. Ils sont déjà très connus de la police et de la justice pour des faits de violence. L’enquête se poursuit.  

La vidéo de l’agression qui circule sur les réseaux sociaux révèle une violence hors norme comme l’a souligné le Procureur de la République de Reims dans sa conférence de presse. Et Francois Schneider n’a pas caché que ce lynchage en règle et sans facteur déclenchant lui parait particulièrement inquiétant et préoccupant dans le contexte social tendu des prochains jours.

ULTRAVIOLENCE

Le 13 septembre  dernier en fin de journée 4 policiers qui ne sont pas en service se dirigent vers un restaurant du centre ville après avoir garé leur voiture au commissariat. Ils vont retrouver des collègues pour fêter le départ de l’un d’entre eux. En marchant sur les Basses Promenades, tout près de la Place d’Erlon, ils croisent le regard d’un jeune homme en trottinette arrêté au passage piéton. Dès qu’il les voit, il fonce vers un groupe d’une dizaine de personnes tout près de là. La scène qui suit est confuse, et surtout très violente comme le montre la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Les policiers qui attendent au restaurant ont été avertis. Ils rejoignent rapidement leurs collègues. Il seront, eux aussi, la cible d’«un tabassage en règle selon les mots du Procureur de la République François Schneider, une violence hors norme totalement gratuite ». Un des policiers souffre d’une fracture de la cheville, un autre a le nez cassé. Les boucles des ceintures qui ont été utilisées ont frappé au crâne et sur tout le corps comme l’indiquent les blessures et les hématomes des autres victimes. Les ITT prescrites vont de 6 à 10 jours, et jusqu’à 28 jours pour la fracture du pied.

DES DÉLINQUANTS TRÈS CONNUS

L’intervention de la Police Municipale et Nationale a permis d’interpeller deux suspects de 26 et 27 ans, deux frères originaires de Mayotte. Ils ont absolument tout nié pendant leur garde à vue, malgré la main était tachée de sang de l’un d’entre eux. Il a expliqué qu’il venaient  d’égorger un mouton. Ils sont très connus des services de police. Ils étaient d’ailleurs convoqués devant le Tribunal Correctionnel de Reims, quelques jours après leur interpellation, pour détention et cession de stupéfiants dans deux affaires distinctes. Les deux frères ont déjà été condamnés pour des faits de violence, un d’entre eux à une peine de 6 ans pour vol avec violence, enlèvement et séquestration à Grenoble. L’autre venait de sortir de prison 4 jours avant les faits. « Ils ont donc déja été contrôlé par des policiers qu’ils  étaient susceptibles de connaître,  indique François Schneider. Certains éléments de l’enquête permettent de penser que la qualité de policiers de leurs victimes leur était connue. Il n’y a pas d’autre explication à ce lynchage gratuit. »  Les deux frères interpellés ont été placés sous mandat de dépôt pour faits de violences aggravées en réunion ayant entrainé des ITT supérieures ou inférieurs à 8 jours sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Ils encourent dix ans d’emprisonnement qui pourraient passer à 2O ans puisqu’ils sont en récidive légale pour des violences. Le jeune homme à la trottinette court toujours.

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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