Il y a désormais une salle d’audience Vincent Duretette à la Cour d’Appel de Reims. Cet avocat a perdu la vie à 38 ans, au volant de la voiture qu’il conduisait pour partir en vacances avec sa famille, le 21 Juillet 2007. Cet accident tragique n’explique pas, à lui seul, que lui soit rendu cet exceptionnel hommage.
Celui qui a été le Bâtonnier de Châlons-en-Champagne avait en effet une personnalité et un charisme hors norme. Elle a marqué tous ceux qui l’ont approché. Plus de 18 ans après son décès, l’émotion restait palpable chez ceux qui ont voulu se souvenir de lui ce vendredi à la Cour d’Appel de Reims
UN AVOCAT EXEMPLAIRE
« Nous sommes ici nombreux à l’avoir entendu plaider, toujours avec élégance, avec pugnacité mais surtout avec une grande humanité. » L’intervention de la Procureure Générale Dominique Laurens, (image ci-dessus) donne le ton. « Lorsqu’il venait plaider dans un dossier, nous savions que nous avions face à nous non pas un adversaire, mais un combattant, d’une grande loyauté dans le débat judiciaire, une grande connaissance de son dossier mais aussi de la personne qu’il défendait. Y avait-il meilleur préambule à l’autre cérémonie solennelle qui allait suivre (la prestation de serment des jeunes et nouveaux avocats) que cette vibrante évocation d’un « géant à la personnalité lumineuse »?
UN IDÉAL DE JUSTICE
Évoquer la carrière de Vincent Duretette c’est aussi rappeler, comme l’a fait Dominique Laurens, qu’il s’attachait à faire progresser l’institution dans la prise en charge des justiciables, et particulièrement des victimes souvent négligées à cette époque. Il aurait dû plaider pour elles dans l’affaire Chanal, ce procès qui n’a jamais eu lieu, et dans l’affaire Fourniret. L’éloge de ce Bâtonnier à été l’occasion, pour la Procureure Générale, de faire une critique « en creux » des évolutions actuelles : « que nous dirait-il de notre manière de servir la justice aujourd’hui ? » Autrement dit de cette place grandissante de la communication, de certaines mises en scène sur les réseaux sociaux, d’un retour aux années 2000 du discours politique dans les réformes de législation pénale, de ces mêmes recettes qui n’ont d’autre effet que d’affaiblir l’institution judiciaire.
UN HOMME INSPIRANT
Pour Maître Gérard Chemla dont il a été l’associé, Vincent Duretette était un fin juriste, non seulement un géant mais un colosse doté par ailleurs d’un charisme hors norme. Quand il est arrivé chez ACG en 93 il était élève avocat. Gérard Chemla lui a proposé un stage de 6 semaines. Les deux hommes ont cheminé côte à côte pendant 14 ans. Et « depuis 18 ans, dit encore Gérard Chemla, je n’ai pas connu une journée sans lui. Toutes mes aventures professionnelles et personnelles, je les ai partagées avec lui. C’est la rencontre la plus importante de mon parcours. » Il était vraiment très drôle, a rappelé son associé, capable de plaider en alsacien quand il était en Alsace, ou en belge dans un affaire franco-belge à Charleville. « Il avait 38 ans, et il était à l’aube de sa carrière… à ce moment où tout le monde vous reconnaît. » Il était aussi maître de conférence à la Faculté de Reims. La plaque désormais scellée à la Cour d’Appel de Reims devrait sans nulle doute inspirer les nouveaux venus dans l’ordre des avocats. Ils pourront comme lui « ne pas se prendre au sérieux, aimer les gens et se faire aimer »suggère l’avocat pour conclure



