Ni les débats devant la Cour d’Assises des Ardennes, ni les expertises, ni les déclarations confuses de Monique Olivier ne sont parvenus à faire la lumière sur les dernières heures de Fabienne Leroy. Le taux d’alcoolémie élevé de la jeune fille n’a pas été expliqué, ni ces deux piqures dans le plis des coudes, comme si Michel Fourniret s’était essayé à des injection d’air mortelles, par embolie. Ces points d’ombre n’ont fait qu’ajouter à la certitude d’une fin de vie terrifiante.
“Mademoiselle ici présente a déja une vie dissolue !” Quand Fabienne Leroy a dit à Michel Fourniret qu’elle n’était plus vierge, il s’est fait un devoir de l’humilier, et même de l’insulter. Il avait repéré cette étudiante de 20 ans sur le parking d’une grande surface, à Châlons en Champagne, avant de la convaincre, scénario habituel, de monter dans la 405 break pour le conduire jusqu’au cabinet médical le plus proche. Et son calvaire a commencé. Ses mains sont liées, en serrant très fort. Le corps de Fabienne en gardera les traces profondes. Pendant ce temps, Monique Olivier la tient en joug avec un pistolet. “Vous a-t-elle suppliée demande l’avocat de sa famille ? Je n’en ai pas le souvenir. Et c’est vous qui l’avez déshabillée insiste Gérard Chemla ? Je n’en ai pas le souvenir. Il vous a demandé de vérifier qu’elle était vierge ? J’ai dit que je l’avais fait, mais je ne l’ai pas fait…” Et quelques instants plus tard : “C’est lui qui m’a pris la main et je me suis exécutée en touchant à peine le sexe, parce que je ne voulais pas faire ça.” “Vous essayez de profiter du silence de votre mari, mais vous êtes les mêmes, chacun dans votre rôle. Vos propos révèlent une montagne d’hypocrisie. Qu’est-ce qui vous a empêché de dire à Fabienne de passer son chemin pour sauver sa vie ? J’avais peur. Vous saviez qu’il allait la violer et la tuer ? Oui.” Michel Fourniret a donc pu rouler tranquillement dans la nuit, en rase campagne, jusqu’à une pâture. Il a violé Fabienne dans les champs avant de lui faire reprendre la route, les yeux bandés, jusqu’à la ferme Saint Hilaire, en bordure du camp militaire de Mourmelon. C’est là qu’il l’a tuée d’un coup de fusil à canon scié tiré sous le cœur, à bout portant, et devant Monique Olivier si l’on en croit les déclarations de son assassin au juge d’instruction. La quête de virginité ne pouvait pas être revendiquée cette fois pour justifier le viol, et cela n’avait pas échappé à la sagacité de son épouse. Elle s’en était d’ailleurs ouverte aux enquêteurs qui l’ont entendue : “Je crois qu’il disait ça pour pouvoir avoir des femmes plus jeunes que moi. » Mais cette lucidité n’a pas mis fin à la série des crimes que Michel Fourniret a pu commettre, avec la complicité efficace de Monique Olivier.
A suivre : JEANNE-MARIE DESRAMAULT