Estelle Mouzin a disparu à l’âge de 9 ans alors qu’elle rentrait de l’école le 9 Janvier 2003, à Guermantes en Seine-et-Marne. Seize ans plus tard le mystère de cette disparition reste entier. Mais plus que cette insoutenable attente pour la famille de la fillette c’est Michel Fourniret, redevenu le principal suspect dans ce dossier, qui lui confère un vrai caractère d’urgence.
Soupçonné dans la disparition d’Estelle en 2017, l »Ogre des Ardennes » avait été écarté du dossier par un alibi téléphonique aujourd’hui remis en question . Car le coup de fil inhabituellement passé pour un anniversaire à son fils ainé Jean-Christophe n’a peut-être pas été émis depuis la Belgique comme il l’a prétendu. Les précisions sur ce point de son ex épouse Monique Olivier seront déterminantes **. Au cours du fameux procès de Charleville il y a dix ans, Michel Fourniret avait juré qu’il n’avait rien à voir dans les disparitions de d’Estelle Mouzin…mais aussi de Joanna Parrish et Mairie-Angèle Domece. Dénoncé depuis par Monique Olivier il a reconnu l’enlèvement et la mort des deux dernières. Et coup de théâtre plus récent encore, les indications de Monique Olivier le 5 Février dernier pourraient faire de lui le ravisseur d’Estelle Mouzin. Aujourd’hui Michel Fourniret ne nie plus sa culpabilité dans ce crime, mais sans l’avouer clairement, fidèle au jeu pervers dont il a le secret. Il en a fait la démonstration à Versailles en Novembre dernier à l’occasion d’un autre procès qui lui a valu une seconde condamnation à perpétuité, cette fois pour un crime crapuleux. L’audience a révélé que Michel Fourniret, bien qu’affaibli par le poids de ses 77 ans, restait un manipulateur hors pair. Mais ses problèmes de mémoires ne sont pas toujours feints. A la barre, le psychiatre qui l’a expertisé juste avant le procès diagnostiquait un Alzheimer débutant. Autant dire qu’il y a urgence à percer ses multiples secrets, pour découvrir peut-être un jour le corps d’Estelle.
Monique Olivier, pour sa part, a pu faire preuve au cours des débats versaillais d’une vraie compassion à l’égard des familles. Ce dont elle semblait totalement dépourvue dix ans plus tôt aux Assises des Ardennes. Et c’est bien ce qui l’a poussée à évoquer l’implication de son ex mari dans la disparition d’Estelle Mouzin il y a 4 mois. Les aveux de Michel Fourniret ont toujours été conditionnés par les révélations de sa complice. Mais parler, pour Monique Olivier, c’est assumer son impardonnable responsabilité. Il a donc fallu du temps. Ses révélations sur la fillette de Guermantes ont été faites incidemment à la juge Sabine Khéris dans le cadre de l’instruction des dossiers Parrish et Domece toujours en cours. La magistrate parisienne se refuse aujourd’hui à clôturer cette information sans avoir pu interroger les deux mis en examen sur la disparition d’Estelle Mouzin, autrement dit sans instruire aussi cette retentissante affaire. Ce qui suppose que le dossier de Guermantes, actuellement traité à Meaux, arrive sur le bureau de Sabine Khéris comme la procureure générale de Paris Catherine Champrenault en a fait la demande. La réponse de la Cour de Cassation pourrait intervenir prochainement.*
*Le 24 Juillet 2019 la Cour de Cassation à accepté le dépaysement de l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin de Meaux vers Paris. Les auditions de Monique Olivier et de Michel Fourniret concernant ce dossier comme ceux de Joanna Parrish et Marie Angèle Domece devraient intervenir en Septembre.
**Le 21 Novembre 2019 Monique Olivier a fait tomber l’alibi de Michel Fourniret en indiquant que c’était elle qui avait passé ce coup de fil sur l’insistance de son mari. Il a été mis en examen 6 jours plus tard.