Il était un peu le canard noir de la Champagne. Le cépage meunier n’avait pas vraiment la cote mais il résistait mieux que le chardonnay et le pinot noir aux gelées tardives et on pouvait compter sur lui pour assurer les volumes de ces fameux assemblages qui continuent à faire la prospérité de la Champagne. Mais le meunier n’en était pas la star. Il est d’ailleurs toujours interdit dans les villages classés « grand cru ». L’assemblage des années, des terroirs et des cépages a été imaginé pour lisser les aléas quantitatifs et qualitatifs de la récolte en produisant des cuvées égales à elles même d’une année sur l’autre. Mais l’émergence de nouvelles pratiques mono cépages et mono terroir portées par de jeunes vignerons dans les 20 dernières années, a complètement changé la donne. Ils sont de plus en plus nombreux à hisser le 100% meunier à la place qu’il mérite. Ce champagne fruité aux arômes inattendus devient un vin gastronomique capable de figurer sur les plus grande tables (les Crayeres, l’Assiette Champenois, El Bulli ou Mugiriez pour ne citer qu’eux). Les initiés connaissent bien le chemin de la Vallée de la Marne où le meunier est roi.
En témoigne la masterclass récemment organisée à Trélou-sur-Marne dans les caves des champagnes Méteyer devant un public d’éminents spécialistes. Ils ont accouru depuis l’Italie, l’Angleterre ou les États Unis, pour une dégustation de cuvées 100% meunièr et rarissimes, découverte « verticale » de quatre années du même vin, jusqu’à ces flacons de 1980, carafés comme le préconise l’œnologue Anne Marie Chabbert. Puisqu’à la demande de Franck et Anna Meteyer, la créatrice du concept « Feel » pour l’Education au Goût du Champagne, était en charge de l’animation de ces instants de pédagogie…. et de plaisir.