CHAMPAGNE, COMME JAMAIS !

AU PRESSOIR D’AŸ, LE CENTRE D’INTERPRÉTATION SENSORIELLE DES VINS DE CHAMPAGNE S’OUVRIRA POUR LA PROCHAINE SAINT VINCENT, EN 2021

C’est un projet qui  fait rêver parce qu’il ne ressemble à aucun autre. Adossé au vignoble mythique d’Aÿ, l’ancien pressoir Pommery amorce une mutation prometteuse. Quand il sera inauguré, pour la prochaine Saint Vincent, le lieu invitera le visiteur à une découverte inédite du champagne et de la Champagne. Le bâtiment historique doit ainsi devenir un “centre d’interprétation sensorielle”. Rien à voir avec un musée. Aucun objet, ou presque, n’y sera exposé. Les mots reviennent en boucle chez les architectes, les scénographes, les scientifiques et les élus qui peaufinent le projet : “émotion…poésie…immersion…” Mais encore ? 

“UN PROJET DE COEUR, UN BIJOU”

Les informations sont distillées au compte gouttes, comme pour garder le mystère et le charme d’un lieux qui ne ressemblera à aucun autre. Une certitude : le terroir, le climat, l’élaboration du champagne y seront évoqués dans une dizaine de salles thématiques. Pas de casque, peu ou pas de lectures sur ce parcours intuitif. Mais des commentaires et des projections, une approche sensorielle par le toucher et l’odorat. On s’immergera, pour commencer, dans les profondeurs  de la terre champenoise,  pour en toucher le calcaire, avant de vivre la taille des grappes, de découvrir la réaction des sols à la pluie, à la chaleur, de sentir les fleurs de la vigne autant que les effluves du vin, de participer au pressurage, d’expérimenter l’assemblage… Il s’agit d’apprendre à son insu, de ressentir pour mieux comprendre, de réveiller tous les sens que le champagne peut exacerber de la terre au flacon, dans une relation au temps et à l’histoire* particulièrement forte. Cette expérience inédite devrait prendre une bonne heure avant une dégustation pédagogique. Face au vignoble, le bar de taille modulable pourra par ailleurs s’ouvrir à des évènements privés. En particulier pour les mécènes, ceux qui ont déjà adhéré ou qui restent à séduire. Le projet est chiffré à 11,5 millions d’euros**. Il est est ambitieux mais il s’appuie sur des valeurs sûres. “La chose importante dans cet endroit c’est le coteau » insiste l’architecte Anne Charlotte Zanassi de l’atelier Phileas. Il est vrai qu’il offre un véritable écrin au pressoir Pommery dont le style est  indissociable de la success story du champagne. “L’intégrité historique du bâtiment sera scrupuleusement préservée. Nous respectons ce qui existe tout en créant quelque chose de très innovant. C’est le projet de cœur de notre agence, notre  bijoux. » 

RESTAURANT ET LIEU DE VIE 

Tel qu’il a été voulu et porté par la Communauté de Commune de la Grande Vallée de la Marne sous l’impulsion de son président Dominique Levêque, le Pressoir doit devenir « une des portes d’entrée de la Champagne”. Ce sont les mots de Bettina Roche, la directrice de la CCGVM, ajoutant que “cette initiation livrera les secrets d’un vin qui ne peut s’élaborer qu’en Champagne, avec le temps, les soins et la compétence qui en font le prix”. La CCGVM prévoit de recevoir chaque année 50 à 60 000 visiteurs dans ce centre d’interprétation. Il se complètera d’un restaurant totalement indépendant du Pressoir. La salle et son toit-terrasse s’ouvriront sur les vignes. Carte bistronomique et prix raisonnables à midi, tendance plus gastronomique le soir : c’est le cahier des charges qui va s’imposer au chef dont le recrutement est en cours. L’accès au bâtiment se fera par un parvis urbain qui doit aussi accueillir un food truck et des animations à la belle saison. Elles ont vocation à devenir un prétexte de sortie pour les champenois. Comme la boutique qui fera la part belle aux livres, aux arts de la table et aux collections contemporaines de la maison Lalique, puisque l’artiste est un enfant du pays.  

*Les concepteurs du Pressoir sont à la recherche de toute photo évoquant l’histoire de la terre, et des hommes et femmes de Champagne.
**Le budget 11,5 millions d’euros est financé par l’Etat, le Département et la Région à hauteur de 5 millions. LVMH assume une belle part du mécénat qui s’élève pour l’instant  à 400 000 euros, essentiellement grâce aux maisons de champagne. La CCGVM devra financer ce qui manque. Elle espère donc ardemment d’autres mécènes en promettant de les accueillir comme ils le méritent. 

 

 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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