DANS LA TÊTE D’UN COGNEUR D’ENFANT

TONY TENAIT LE CHOC, ALORS IL FRAPPAIT PLUS FORT ET SA MÈRE N’EMPÊCHAIT PAS LES COUPS

On pensait avoir cerné l’horreur du crime de Loïc Vantal. Cet homme de 28 ans comparaît devant les Assises de la Marne pour des violences qui ont involontairement tué le petit Tony. L’enfant de trois ans était le fils de Caroline Létoile. Elle est jugée pour ne pas avoir su le sauver d’un massacre. Plusieurs associations dans les rangs des parties civiles ont estimé que l’accusé aurait du être jugé pour des actes de tortures et de barbarie.

Il s’agit en effet d’un crime hors norme. Le profil de l’accusé ne l’est pas moins. Questionnée par l’avocat général, sa mère a été incapable de lui trouver une seule qualité. Loïc Vantal en a d’ailleurs été trés éprouvé. Au point, dit-il, de ne pas en avoir dormi de la nuit.

DES COUPS SEMBLABLES À CEUX QU’IL RECEVAIT

Le visage de l’accusé est presque juvénile quand il se raconte. Il se faisait défoncer au moindre faux pas par un père alcoolique quand il était enfant. Aujourd’hui, sans être un séducteur  il aime bien les femmes.: “J’aime bien plaire” dit-il. Et la Cour aura sans doute remarqué son besoin de séduire. Il a dû intervenir dans l’éducation de Tony parce que la mère n’y arrivait pas. Ce qui déclanchait les coups, c’était la façon de parler de Tony. L’enfant le provoquait, alors il lui a mis des claques. Des claques qui le projettent contre l’armoire rappelle la présidente. “C’était pas normal mais je pouvais pas m’en empêcher. Chaque fois que je mettais une claque il tombait. Sur le lit ou sur un meuble. Cette fois le nez s’est éclaté. “ Et la troisième fois il est tombé par terre, c’est là où je me suis rendu compte que j’avais de la force.

PAS D’ÉMOTION

Était-il ému quand Tony pleurait interroge la présidente ? ” Non je n’étais pas ému. Je ne me rendais pas compte de sa souffrance et de sa douleur. Et voilà !.” Et plus précis encore : “Je donnais des claques la main ouverte pour qu’il comprenne avant que je fasse pire.” Le pire est arrivé 3 jours avant la mort de Tony. “C’est là que j’ai pété un câble.” Loïc Vantal est passé aux coups de poings alors qu’il était à terre. Éclatement de la rate, fracture du pancréas. Très douloureux et mortel .

Lire par ailleurs :   Une lente agonie

“Et les insultes, les humiliations, demande la Présidente. Bâtard, crasseux, petit con ?” “J’ai fait ce qu’on m’a fait. Je n’ai pas d’explication à ça.” Le bouc de Loic Vantal, soigneusement dessiné comme un tatouage sous la mâchoire, devient plus agressif. “Mon grand père aurait été là (celui qui l’a élevé) j’aurais jamais bu ni fumé, j’aurais eu un vrai travail. Vous pensiez à votre grand’père quand vous frappiez Tony ? demande l’avocat général. Non. J’aurais dû.” Vient la question de l’emprise qu’il a pu exercer sur la mère de Tony. C’est la ligne de défense de Caroline Létoile pour justifier son silence.

UNE MÈRE SIDÉRÉE ?

Elle n’a pas été une femme battue. Mais elle l’affirme devant la Cour, c’est bien la peur qui l’a empêchée de parler, d’alerter sur les souffrances de son fils. Elle était sidérée, c’est sa seule explication entre de longs sanglots. Rien ne l’empêchait de se sauver avec son enfant. Mais elle ne l’a pas fait parce qu’elle avait peur. C’est sa version. Si elle ne l’a pas conduit chez le médecin c’est que Vantal l’a persuadée qu’on lui enlèverait son fils si on découvrait  ses bleus. Mais pour Jean Luc Ployé, le psychologue qui l’a expertisée, Caroline Létoile ne voulait pas dénoncer les coups. Elle a choisi de préserver son couple plutôt que de sauver son enfant. Loïc Vantal n’aide pas la jeune femme. Il rappelle qu’il ne l’a jamais menacée. Il la décrit comme une femme maladivement jalouse au point de l’avoir enfermé dans l’appartement pour qu’il n’en sorte pas. « On est tous les deux responsables. Moi le plus parce que j’ai mis les coups, mais elle,  elle ne l’a pas protégé. »

L’avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle contre Loic Vantal et 5 ans d’emprisonnement dont un assorti du sursis pour Caroline Létoile . Ils ont été condamnés respectivement à 20 ans et 4 ans. Mais le Parquet Général a fait appel.  Lire aussi : Un verdict clément  Ils seront donc rejugés d’ici un an. 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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