DEPUIS LA MORT DU PETIT TONY, LA JUSTICE S’ENLISE AUTOUR DE LA RESPONSABILITÉ D’UN VOISIN TROP SILENCIEUX

Dans quelques jours, Jonathan Lautour se présentera pour la quatrième fois devant les magistrats de la  Cour d’Appel de Reims. Après la mort du petit Tony sous les coups de  son beau-père, en Décembre 2016 à Reims, ce voisin a été mis en examen pour n’avoir pas dénoncé les mauvais traitements  infligés à l’enfant de 3 ans. Sa relaxe, a été confirmée en appel, puis annulée par la Cour de Cassation en Juin 2021.  Mais il est toujours dans l’attente d’un jugement définitif. Et d’une échéance à l’autre, sa dégradation physique et morale s’accentue.

Depuis que la relaxe de Jonathan Lautour a été cassée, la chronique des audiences reportées à la  Cour d’Appel a commencé par une demande de son avocate. Le client de maître Braconnier n’était pas en état de soutenir une audience, et son aide juridictionnelle n’était pas actée. Un nouveau procès a donc été audiencé à la fin de l’année dernière… mais renvoyé au 5 Avril prochain, en raison des  prescriptions de la Cour de Cassation. 

UNE COUR AUTREMENT COMPOSÉE 

Il faut en effet que la Cour d’Appel qui doit rejuger Jonathan Lautour soit «autrement composée».  Par ailleurs, les magistrats qui sont déjà intervenus dans ce dossier ne doivent pas entrer dans la composition de la Cour. Ces conditions n’étant pas respectées, il a fallu prononcer un second renvoi. Car cette restriction concerne les magistrats qui ont siégé devant les Assises (première instance et appel) pour le procès du beau-père de Tony (Lire plus ICI ), mais aussi en première instance et en appel pour les audiences correctionnelles qui ont concerné Jonathan Lautour, et encore pour celles de la Chambre de l’Instruction. Voilà qui complique beaucoup les choses s’agissant d’une petite Cour d’Appel comme celle de Reims. « Ce n’est de la responsabilité de personne, commente maître Braconnier, mais c’est au seul détriment de Jonathan Lautour. Il est très abîmé par ça. On ne peut pas avancer quand on a ça au dessus de la tête. Il est broyé par le suivi médiatique. Il a du déménager.» Pour les faits qui le concernent, l’agenda judiciaire s’étire effectivement depuis plus de 6 ans, avec des résultats dévastateurs.    

«JE VEUX QUE ÇA S’ARRÊTE» 

Jonathan Lautour est reconnu adulte handicapé depuis un accident de la voie publique. Pour lui, ce parcours judiciaire est sans encore plus pesant et inexplicable. Son traumatisme crânien lui a laissé des séquelles mémorielles importantes qui compliquent  beaucoup son adaptabilité à l’emploi. Il est donc au chômage. D’autres se battraient pour faire avancer le débat, explique Maître Braconnier. Après tout, les réquisitions en appel se sont  limitées à un stage de citoyenneté, et il a finalement été relaxé. Mais pour lui, toute cette procédure est inexplicable. «Il ne comprend pas, dit l’avocate, il est en boucle : J‘étais dans mon droit. Je ne savais pas ce qui se passait Je veux que ça s’arrête.» Comme on l’a compris durant le  procès du beau père de Tony devant les Assises, beaucoup de personnes auraient pu s’inquiéter du sort qui était fait à ce petit garçon de 3 ans. Lire plus ICI . Jonathan Lautour a sans doute eu le tort d’aller faire le récit de ce qu’il entendait depuis son appartement sur le plateau de TF1, à une heure de très grande écoute, alors qu’il n’a pas été  le signaler au commissariat. Les débats de la  prochaine audience devant la Cour d’Appel, laisseront sans doute une grande place à une question qui doit concerner chaque citoyen :  quand faut-il dénoncer ? Lire la suiteICI

 

  

 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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