22. MANANYA THUMPONG

Mananya a disparu le 5 Mai 2001 alors qu’elle sortait de la Médiathèque de Sedan. Le SRPJ de Reims a rapidement rapproché cette disparition de celle de Céline Saison à Charleville Mézières un an plus tôt. Le corps de Mananya a été retrouvé 10 mois après sa disparition, sur le territoire de la commune de Nollevaux, en Belgique.

C’est la septième fois qu’est évoquée la mémoire d’une victime de Michel Fourniret devant la Cour d’Assises des Ardennes. C’est devenu une sorte de rite dont la charge émotionnelle ne cesse de se renforcer au fil des semaines. Mananya, dit le proviseur de son collège, était extrêmement délicate et réservée. Une très bonne élève qui a reçu les félicitations quelques mois à peine après son arrivée de Thaïlande. Elle allait souvent à la médiathèque. “Elle y est allée une fois de trop commente son beau père. Il a fallu que ce jour là un drôle de mec passe dans les environs. Ce qui me gêne le plus c’est cette impuissance par rapport à quelqu’un qui décide de tout. Pourquoi nous ? Mananya, c’était son nom de baptême mais on la surnommait “Eyes”, les yeux. C’est une tradition dans son pays. On donne un surnom aux nouveaux nés pour que les mauvais esprits ne les trouvent jamais.” Et se tournant vers le box : “merci de vous être tu, Michel Fourniret. Ne vous levez pas ! Votre hauteur, c’est celle là. Merci de ne pas avoir ajouté la cruauté de vos paroles à la cruauté de vos actes.” Comme pour Céline Saison, Michel Fourniret est donc parti seul “à la chasse” pour repérer d’abord, puis enlever Mananya. Et il n’en a rien caché à Monique Olivier : la portière passager bloquée, la contrainte pour qu’elle se dénude, la supplique imposée à l’adolescente pour qu’il l’autorise à le caresser, jusqu’aux remerciements après le viol. Après l’arrestation de son mari en Belgique, Monique Olivier n’a pas été avare de détail, indiquant que les supplications dans les rapports sexuels le confortaient dans sa supériorité et sa suffisance sans limite.

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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