A quelques jours du verdict, Michel Fourniret a fini par parler. Mais c’était pour se jouer de son public et se sentir tout puissant une fois encore. Les familles ne se sont pas laissé prendre au jeu
”Je reprends ma parole, c’est terminé.” A ceux qui sont suspendus à ses lèvres, Michel Fourniret inflige un nouveau caprice. Il aura tout de même pris le temps, dans la matinée, de distiller quelques détails choisis par lui et lui seul. S’agissant, par exemple des attouchements post mortem sur Jeanne Marie, dont Monique Olivier l’accuse, il tient à une mise au point. “Cela fait partie de la molaire que j’ai contre cette personne.” Il rappelle aussi le commentaire de son épouse quand une de leurs victimes est montée dans la camionnette : “C’est facile à embarquer ! Elle a dit ça ? insiste le président. Elle a dit ça, elle l’a dit. Et quand je lui ai fait le récit des derniers instants d’Elisabeth Brichet, elle m’a dit tu ne devrais pas leur parler.” Pour ponctuer ces tranches de vie il ajoute : “c’est un vrac , je vous livre le plus et le moins. C’est une sincérité.” Sincérité surtout dans les insultes hurlées à la tête d’un avocat qui le pousse dans ses derniers retranchements. “Écoutez, Seban, ce n’est pas une loque comme moi qui va se laisser impressionner par un avocat de merde.” Et quand l’avocat général se permet une remarque après tant de grossièreté, Michel Fourniret n’a plus qu’à se draper dans un mutisme offensé. C’est plus qu’une colère, c’est une provocation, la certitude d’aller au clash. Il replie ses documents et fait mine de sortir. C’est décidé, il ne parlera plus. Les familles ne s’y trompent pas. La plupart d’entre elles quittent la salle après cette nouvelle manipulation. Les experts viendront donner raison un peu plus tard. “La Cour s’est fait berner, dit l’un d’entre eux, en ajoutant deux matinées au planning de l’audience pour lui laisser le temps de parler. Comme il a contraint ses victimes à le supplier de bien vouloir faire l’amour avec lui, il a fallu qu’on le supplie, sa femme, sa fille, les avocats, pour qu’il parle… et il se tait à nouveau. C’est une victoire, une de plus parmi toutes ses victoires narcissiques dont le crime est l’apogée. Fourniret admet qu’il n’est pas dans la norme, mais il explique à ceux qui l’expertisent que c’est la norme qui n’est pas normale.” La conclusion est sans appel : il est incurable, il restera dangereux jusqu’à la fin.