Devant la Cour d’Assises des Ardennes, les débats du procès de Charleville a restitué les circonstances de chacun des crimes du couple Fourniret, et plus insoutenable encore, la douleur des parents de ces jeunes filles sacrifiées pour le bon plaisir d’un homme. Le père d’Isabelle Laville, disparue à Auxerre le 11 décembre 1987, a tenté comme d’autres après lui de toucher la part d’humanité de l’accusé. Peine perdue.
“Monsieur Fourniret, vous n’avez pas eu peur d’aller à la chasse, comme vous dite. Et aujourd’hui vous venez vous dire que vous ne parlerez pas sans huis clos . Vous n’aurez pas la lâcheté de ne pas nous donner votre vérité !”
Quand Jean Pierre Laville lui fait face, Michel Fourniret se lève… et il marque un long silence qui se veut théâtral. “La lâcheté est en chacun de nous. Le mort vivant que je suis aurait eu la possibilité de se défiler. La tentation est grande d’en finir. J’ai choisi d’être devant vous. Je ne refuserai pas que ma tête tombe du billot en public. Mais je ne parlerai pas. Il vous suffit d’une parole.” Francis Nachbar, l’avocat Général, tente de déjouer la stratégie perverse de l’accusé. Ne vous laissez pas convaincre, dit-il au père d’Isabelle, que si vous n’avez pas les explications que vous souhaitez, c’est de votre faute. Mais Jean Pierre Laville continue à régler ses comptes. Après Michel Fourniret, c’est à l’institution qu’il s’en prend. “Je rappelle le que la disparition d’Isabelle a été classée sans suite après quelques jours.” Alain Baer, son avocat, brandi le dossier qui tient en quelques pages. “Une chance a été perdue à ce moment là d’identifier Michel Fourniret et sa complice. Ils habitaient à 10 km. Lui venait de sortir de prison.” “ Ma fille a été tuée tout de suite, on le sait, ajoute Jean Pierre Laville. Mais celles qui ont suivi auraient pu être sauvées. Ce magistrat, si j’étais à sa place, je ne me sentirais pas très fier.”
“Je ne veux pas fuir les responsabilités de la justice, répond Francis Nachbar, mais vous devez savoir que tout ça était parfaitement prémédité par un couple intelligent et diabolique.”
