Le Musée Camille Claudel peut désormais s’enorgueillir de détenir la plus riche collection publique des œuvres de l’artiste. Quatre pièces nouvellement acquises y seront officiellement installées le 15 Février prochain. Elles sont en partie visibles jusqu’à cette date au Musée d’Orsay aux côtés de 8 œuvres vendues, elles aussi, à des musées nationaux à l’occasion des fameuses enchères Artcurial de novembre dernier. L’évènement restera dans les annales du marché de l’art parce qu’il s’agissait des derniers trésors encore détenus par la famille de la sculptrice. Sans doute n’assistera-t-on plus jamais à une vente de cette ampleur. Ceci explique en partie que les enchères des 18 œuvres frappées du marteau d’Artcurial (sur un total de 20 œuvres proposées) aient explosé tous les pronostics, atteignant le chiffre de 3 millions et demi d’euros, le triple de ce qui était escompé. Exceptionnel encore, une douzaine de ces œuvres ont été préemptées par l’Etat pour enrichir les collections de six musées nationaux : outre celui de Nogent-sur-Seine, les Musée d’Orsay et de Rodin à Paris, celui de Sainte Croix de Poitiers, la Piscine de Roubaix et la maison Claudel de Villeneuves-sur-Fère dans l’Aisne. Camille Claudel est autrement dit consacrée par les collectionneurs publics autant que privés. Faut- il rappeler le record mondial de 1,18 millions d’euros pour une de ses valses, un bronze de 46,7 cm en Juin dernier ? Les chiffres vertigineux de ce succès posthume sont parfois douloureusement vécus par des admirateurs qui, toujours plus nombreux, vouent un véritable culte à cette femme au destin tragique. L’élève la plus douée de Rodin fut aussi sa maîtresse mais ces relations amoureuses et artistiques ne lui ont apporté ni le bonheur ni la gloire. Camille Claudel a fini par sombrer dans la paranoïa. A partir de 1913 elle a vécu la deuxième moitié de sa vie internée, dans l’oubli jusqu’à sa mort, en 1943.
Le talent de Camille Claudel, trop récemment révélé, suscite aujourd’hui un véritable engouement de la part du public. La petite ville de Nogent-sur-Seine a vu passer plus de 50 000 visiteurs depuis l’inauguration de son nouveau musée en Mars dernier. Ce succés encourage les collectivités à soutenir financièrement le MCC. C’est ainsi que l’Etat a fait jouer son droit de préemption pour que le Département de l’Aube puisse acquérir le buste de Paul Claudel chez Artcurial pour un montant de 160 000 euros hors frais. Aussi appelé « Mon Frère »ou « Jeune Romain » ce buste avait été prêté au musée de Nogent-sur-Seine depuis son ouverture par les descendants de la sœur de Camille Claudel et il n’était pas envisageable que cette oeuvre emblématique quitte le musée aprés qu’ils l’aient vendue . Soutenue par un groupe de mécènes et par l’Association des Amis du MCC, la Ville a par ailleurs pu acquérir 3 nouvelles oeuvres de Camille Claudel pour un montant de 170 000 Euros hors frais : l’Homme aux Bras Croisés, la Tête de Vieil Aveugle Chantant, qui sont des oeuvres particulièrement fortes, ainsi que le portrait de Louise Claudel, un pastel très révélateur de son talent de dessinatrice souvent ignoré