DISPARITION D’ESTELLE MOUZIN : REVOILÀ FOURNIRET

L’OGRE DES ARDENNES EST PLUS QUE JAMAIS SUSPECT DANS LA DISPARITION DE LA FILLETTE DE GUERMANTES

Cette fois, les révélations de Monique Olivier sont officiellement actées. Entendue au Tribunal de Paris pendant près de trois heures par la juge d’instruction Sabine Khéris, l’ex épouse de Michel Fourniret a bel et bien fait tomber son alibi dans la disparition d’Estelle Mouzin. Le tueur en série a toujours prétendu qu’il était en Belgique, dans sa maison de Sart Custinne au moment de la disparition d’Estelle le 9 Janvier 2003. Le coup de fil qu’il disait avoir passé ce jour là à son fils Jean-Christophe pour lui souhaiter son anniversaire en était la preuve. C’est en réalité Monique Olivier qui a appelé sur la demande insistante que son mari lui a faite avant de partir très tôt ce matin là, peut-être pour parcourir les 246 KM qui le séparaient de Guermantes. Monique Olivier, rapporte son avocat, a obéi à son mari sans grande conviction. Elle ne connaissait pas ce fils né d’un précédent mariage. Mais c’était une époque où elle ne discutait pas les ordres. On était à 6 mois de l’arrestation de son mari pour l’enlèvement raté de Marie-Ascension Sangwe en Belgique . Fourniret n’est jamais sorti de prison depuis, en partie grâce aux terribles aveux que Monique Olivier a fini par livrer aux enquêteurs belges un an plus tard : 7 crimes à caractère sexuel de jeunes ou très jeunes filles dans lesquelles Monique Olivier a souvent été complice, auxquels s’ajoutait un crime crapuleux. Dans ces affaires le couple a déjà été jugé et condamné à perpétuité. Mais l’écheveau de la carrière meurtrière de Michel Fourniret n’en pas démêlé pour autant. Les aveux de Monique Olivier avaient révélé deux autres meurtres, dès l’année 2004 : ceux de Joanna Parrish en Mai 90 et de Marie Angèle Domèce en Mai 80. Mais elle s’était retractée à l’époque, estimant avoir été maltraitée pendant ses interrogatoires.

Il a fallu attendre 2018 pour que le couple soit mis en examen dans ces deux dossiers, sur les révélations réitérées de Monique Olivier suivies, selon un schéma désormais classique, des aveux de son ex conjoint. Sabine Khéris instruisait aussi ces dossiers avec une capacité manifeste à mettre son interlocutrice en confiance. Monique Olivier avait déjà été entendue en 2007 par des enquêteurs sur l’alibi de Michel Fourniret dans l’affaire Mouzin, mais elle n’avait pas parlé. “Les aveux lui semblaient pire que le silence parce qu’elle craignait d’être accusée de complicité, commente son avocat Richard Delgenes. Cette fois elle a été entendue comme témoin assisté parce qu’il n’y a pas d’éléments à charge contre elle. Et elle a parlé. Un bon interrogatoire, ça relève de 2 personnes.” Ce climat de confiance permettra peut-être de réveiller les souvenirs de Monique Olivier dans l’affaire Lydie Logé disparue en 1993 dans l’Orne. Les traces d’ADN mitochondrial retrouvées dans la camionnette de Michel Fourniret on récemment conduit à l’ouverture d’une information à Caen. Le dossier pourrait logiquement rejoindre ceux dont Sabine Kheris est déjà en charge.

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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