L’AGRESSEUR PRÉSUMÉ DU PHOTOGRAPHE DE L’UNION DE REIMS A ÉTÉ ARRÊTÉ

DES JEUNES DU QUARTIER CROIX ROUGE SE PRÉPARAIENT À UN AFFRONTEMENT. CHRISTIAN LANTENOIS FAISAIT SON MÉTIER. IL LE PAIE DUREMENT. SON PRONOSTIC VITAL RESTE SÉRIEUSEMENT ENGAGÉ.

Une journaliste du quotidien local avait appris ce samedi 27 Février qu’un rassemblement de jeunes se préparait à Croix Rouge, un quartier difficile de Reims. Elle est allée sur place dans une voiture “banalisée”. Christian Lantenois l’a accompagnée en utilisant une voiture de service aux couleurs de son journal.

Depuis le parking de la médiathèque, où ils se sont garés, les deux journalistes ont découvert la présence de groupes cagoulés. L’enquête a établi plus tard qu’ils étaient une trentaine, prêts à s’affronter à une autre bande, de Croix Rouge ou d’un quartier plus éloigné. Christian Lantenois est sorti de sa voiture pour prendre des photos.

TOUT A VACILLÉ EN MOINS D’UNE MINUTE

57 secondes plus tard il gisait au sol, victime d’un traumatisme crânien très sévère, d’une fracture du rocher, d’un hématome sous dural et d’une hémorragie cérébrale. Un homme venait de foncer sur lui pour le frapper sans qu’il ait eu le temps de se mettre à l’abri dans sa voiture. Et les coups sont tombés, dont un au moins après sa chute sur le macadam. L’appareil photo de Christian Lantenois a même été utilisé comme une arme pour le frapper avec plus de violence que les poings. Les images vidéo ont aussi révélé qu’une personne a emporté l’appareil photo. On le retrouvera plus tard sans sa carte, et très endommagé. Matthieu Bourrette, le Procureur de la République de Reims l’a précisé à l’occasion d’une conférence de presse :  tout indique qu’on voulait s’en prendre à un photographe dans l’exercice de sa profession, et à ses images

PRÊTS À FRAPPER FORT

L’enquête a établi que des clubs de golf, des battes de baseball et des bâtons ont été achetés le matin même dans un magasin de sport de Reims pour être acheminés vers le Quartier Croix Rouge. Aux côtés de Joseph Merrien, le Directeur Départemental de la Sécurité Publique, Matthieu Bourrette a par ailleurs indiqué que ce samedi matin un groupe de jeunes a déplacé des blocs de pierre et des barrières pour empêcher la progression des forces de l’ordre. Ceci dans la perspective d’un affrontement prévu l’après- midi. L’agresseur principal de Christian Lantenois a été identifié grâce aux images des caméras de la ville associées aux témoignages recueillis par les enquêteurs.

UNE IDENTIFICATION RAPIDE

Anes Saïd Khebbeb a été interpellé dès le lundi qui a suivi. Il est mis en examen pour tentative de meurtre aggravé par la préparation des faits de violence qui étaient prévus ce samedi aprés midi. Il est âgé de 22 ans. De nationalité algérienne il est arrivé de Paris dans le quartier Croix du Sud (un sous quartier de Croix Rouge) il y a 3 ans. Il a été condamné à 8 reprises entre 2018 et 2019.  Depuis son arrestation il a choisi de garder le silence. Il a été placé en détention provisoire.
Un autre homme a été identifié sur les images vidéos alors qu’il semblait également donner des coups de bâton quand Christian Lantenois était à terre. Mais les investigations et les constatations médicales ont privilégié l’hypothèse de coups portés au sol plutôt que sur le photographe. Il n’a pas été arrêté.

Quatre jours après l’arrestation de Anes Saïd Khebbeb, l’auteur présumé des coups portés au photographe de l’Union, un homme s’est présenté au commissariat de Reims. A l’issue de sa garde a vue il a été  mis en examen  pour participation à un groupement en vue de préparer des actes de violences ou des dégradations. Il est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans le quartier Croix Rouge, obligation de respecter un couvre feu (en plus du couvre feu lié au COVID), obligation de pointer au commissariat de Reims, interdiction d’entrer en contact avec d’autres protagonistes de cette affaire. Dianka Abasse est âgé de 21 ans. Il a déjà été condamné deux fois pour des faits d’extorsion et de détention de stupéfiants entre 2017 et 2019. Il n’a pas été  placé en détention provisoire. Ce placement n’est possible que lorsque les peines encourues sont de 3 ans.La peine encourue par Dianka Abasse  dans ce dossier n’est que d’une année. 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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