ELOI-AN EST MORT 12 SEMAINES APRÈS AVOIR ÉTÉ POIGNARDÉ À LA TEMPE PAR UN GARÇON AGÉ DE 14 ANS, COMME LUI. ILS ÉTAIENT SCOLARISÉS EN QUATRIÈME A SAINT JOSEPH
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Les élèves du collège Saint Joseph ont assisté en nombre aux obsèques d’Eloi-An dont le prénom composé rappelle les origines chinoises. En tenue de cavalier, ses camarades du centre équestre lui ont fait une haie d’honneur un les marches de l’église. L’adolescent pratiquait l’équitation. Avec beaucoup de dignité, ses parents adoptifs ont évoqué ses joies et ses projets, dont celui d’intégrer la garde républicaine puisqu’il avait la passion des chevaux. La tragédie glaçante de sa fin de vie l’a porté jusqu’à un parterre de fleurs blanches dans la nef de l’église Saint André de Reims.
Cette rixe entre deux adolescents qui ne s’aimaient pas auraient pourtant pu rester banale. Elle a d’ailleurs été filmée sur le téléphone portable d’une élève du collège qui assistait à cet affrontement programmé. Car ces vidéos, qualifiées de “happy slapping”, sont désormais imposées par les codes de l’adolescence quand la bagarre fait rage.
LIRE AUSSI : ADOS, VIOLENCE ET VIDÉO Un premier affrontement avait déjà opposé les deux garçons 2 jours plus tôt, dans l’enceinte du collège. Cet épisode a échappé à l’encadrement de l’établissement. La tension n’a donc pas été désamorcée. Elle avait trouvé son origine dans un rap crée et diffusé sur Instagram par le collégien aujourd’hui mis en en examen pour meurtre. Il s’y mettait en scène, jouant avec ce couteau qui devait faire de lui un criminel. La présence de ce couteau dans la vidéo avait conduit le conseiller principal d’éducation de Saint Joseph à contacter les parents de l’élève.
Le clip a surtout provoqué les moqueries de plusieurs élèves et particulièrement d’Eloi-Ann. C’est sans doute l’origine du drame dans un contexte de malaise persistant chez le jeune agresseur. Il aurait, selon ses parents, vécu plusieurs situations de harcèlement dès l’école primaire, sans que ces difficultés aient été entendues. Les parents avaient par ailleurs déposé une main courante il y a un an à la suite d’un différend dans l’établissement public où il était scolarisé. Au cours de la conférence de presse qui a suivi le drame, le Procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette a indiqué que l’adolescent n’avait, selon ses parents, jamais eu de comportement violent. Mais la maman avait expliqué aux responsables du collège Saint Joseph qu’elle se sentait dépassée par son fils.
En l’inscrivant dans une école privée, au prix d’un effort financier important pour eux, les parents voulaient qu’il soit mieux encadré. Il a été placé en détention provisoire malgré son très jeune âge et l’absence de tout antécédent pénal. Selon Matthieu Bourrette, “il s’estime victime de son environnement depuis plusieurs années”, ce qui peut faire craindre de nouveaux passages à l’acte. La jeune fille qui a filmé la terrible scène du 2 juin n’est pas poursuivie. Même si la pratique du “happy slapping” est un délit, cette qualification ne peut s’appliquer dans le cas d’un homicide. .