DIVORCER SOUS LES COUPS

Elle se dit soulagée parce que la justice semble avoir compris ce qu’elle a vécu. Mais la jeune mère n’est pas tout à fait rassurée pour autant. Son ex mari, le père de leurs trois jeunes enfants, vient d’être condamné à 4 mois de prison avec sursis.

L’audience correctionnelle a permis de nommer les violences et les insultes qu’elle a subies. Les mots sont difficiles à entendre, parce que l’humiliation et la cruauté se sont ajoutées à une brutalité extrême. Sur le banc des parties civiles au Tribunal Correctionnel de Reims elle se sent en sécurité, mais elle est en larmes.

DEUX PLAINTES CLASSÉES SANS SUITE

Ses premières plaintes remontent à deux ans. Le couple était en instance de divorce. Les coups sont tombés parce qu’il y avait un litige sur la garde du chien. Deux plaintes sont alors classées sans suite. La jeune femme devra continuer à vivre dans la terreur. Elle n’a pas d’autre solution que de se réfugier chez sa soeur avec ses trois enfants. “J’ai peur en permanence dit-elle en attendant le jugement, j’ai dû faire installer une alarme chez moi.” La violence physique et verbale s’est exercée en présence des enfants âgés de 4 à 10 ans. Ce qui est une circonstance aggravante insiste le Procureur de la République Matthieu Bourrette. Le prévenu minimise pourtant les violences quand il ne les nie pas. En Juillet dernier, les coups ont laissé des traces, constatées cette fois par le médecin. “Ça faisait un mois que j’avais pas vu les enfants”. Et d’ailleurs, il confirme : “je suis pas prêt à payer la pension alimentaire”.

L’IMMATURITÉ S’EXPRIME DANS LA VIOLENCE

L’homme approche de la quarantaine mais il est manifestement immature. Passionné par le parapente, il n’a jamais eu de travail stable pendant que la mère de ses enfants travaillait de nuit à l’hôpital comme aide soignante.
Il est condamné à 4 mois de prison avec sursis avec obligation d’occuper un emploi, de se soumettre à des soins psychiatriques et interdiction d’entrer en contact avec son ex épouse. Le Procureur l’a précisé dans ses réquisitions, la violence de cet homme aurait pu justifier la pose d’un bracelet anti rapprochement, un BAR, pour l’empêcher de s’approcher de la victime. Mais c’était interdire aussi les droits de visites des enfants qui ont suffisamment souffert. Cette option n’a pas été retenue a insisté Matthieu Bourrette “parce que ce conflit très ancien s’est déroulé sur le dos des enfants.” “Je doute qu’il ait compris quelque chose a conclu la maman. Mais j’espère quand même. Ce serait tellement mieux pour les enfants !

LES VIOLENCES SUBIES PAR CETTE JEUNE MÈRE SONT AGGRAVÉES PAR LE FAIT QU’ELLES SE SONT EXERCÉES EN PRÉSENCE DES TROIS JEUNES ENFANTS DU COUPLE

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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