PROJETS D’AVENIR AU FOYER SAINT-REMI DE REIMS

Nadège Herter est la nouvelle directrice du Foyer Saint-Remi de Reims. Elle a de beaux projets pour cette Maison d’Enfants à Caractère Social. Une soixantaine de jeunes de 4 à 18 ans y sont accueillis sur décision de justice, parce qu’ ils ne peuvent pas être élevés par leurs familles. Nadège Herter veut en faire des adultes autonomes. Elle y met toute son énergie. Deux de ses collaborateurs ont voulu la faire partir, parce qu’ils n’appréciaient pas son management. Mais elle ne lâche rien. 

Elle est arrivée au printemps dernier dans une structure déstabilisée parce qu’on peinait, depuis deux ans,  à en remplacer le directeur. Benoit Billon avait pris sa retraite après 11 ans d’un exercice voué à la bonne marche de l’institution rémoise. C’est à ce moment-là que Nadège Herter s’est intéressée à l’offre d’emploi du Foyer Saint Rémy. Elle était à la recherche d’un lieu qui lui permettrait de mettre ses convictions  en pratique. Et notamment, d’embellir l’avenir des enfants placés

Nadège Herter, directrice du foyer Saint Remy

« JE ME SENS À MA PLACE » 

Cette femme de 43 ans connait bien l’univers de la Protection de l’Enfance qu’elle fréquente depuis longtemps. Elle a tenu à conforter son expérience professionnelle, notamment comme éducatrice spécialisée puis cheffe de service, par un diplôme d’Etat. Le DESJEPS dont elle est titulaire donne accès à la direction d’établissement dans le champs sportif ou socio culturel. Elle est par ailleurs en formation pour obtenir le CAFDES ( certificat aux fonctions de directeur d’établissement ou de service). Son ambition est de développer des projets qui permettraient à ces adultes en devenir de s’assumer pleinement. «L’Aide à l’Enfance les protège pendant leur prise en charge, mais quand ils sortent du dispositif, ils deviennent des proies. La question de leurs  ressources, de leur orientation, de leur accompagnement dans le parcours professionnel n’est pas anticipée. On ne pense pas à l’après. A 21 ans ils sont totalement livrés à eux mêmes. Moi je veux faire quelque chose pour eux, inventer des partenariats, favoriser des rencontres. Je suis arrivée ici avec cette envie. Je me sens à ma place.» 

QUAND LA NOUVEAUTÉ DÉRANGE

« Avec  50 salariés pour encadrer 60 jeunes, cette structure a la taille qu’il faut pour inventer des choses », dit encore la nouvelle directrice. Seulement voilà, l’exigence et la fermeté de Nadège Herter n’ont  pas conquis tous ses collaborateurs. Olivier Grasset, directeur adjoint, s’était vu proposer le poste de directeur après le départ de Benoît Billon. D’un commun accord avec le Conseil d’Administration, il a renoncé  à cette responsabilité après une tentative de quelques mois peu concluante. Pourtant c’est lui qui a remis la compétence de la nouvelle directrice en question à son arrivée. Tout comme Benoît Machuel, le responsable financier du foyer. Les deux hommes lui ont reproché de revendiquer une qualification qu’elle n’avait pas. Ils ont souhaité son éviction avec des méthodes qui ont entraîné leur mise à pied. Benoît Machuel, qui fait partie du CSE, bénéficie d’un statut de salarié protégé. Une procédure est en cours devant le Tribunal des Prudhommes pour Olivier Grasset. 

POURQUOI TANT D’HOSTILITÉ ?

Maitre Moser-Lebrun est l’avocate des deux cadres licenciés. Elle affirme qu’ils sont bien décidés à se battre. Elle fait remarquer que les «28 années d’apostolat» d’Olivier Grasset au Foyer Saint-Remi suffisent à faire la démonstration de son mérite. Il n’empêche que la violence de l’opposition de ces deux collaborateurs à l’égard de la nouvelle directrice interpelle. L’intéressée répond qu’elle a l’habitude de déranger, de brusquer les codes d’un milieu plutôt misogyne. Elle reconnaît  sa propension à sortir les gens de leur zone de confort. «J’accepte d’être celle qui dérange si c’est pour apporter de la nouveauté au projet d’établissement. Je n’en suis pas à mon coup d’essai. » Cette devise gravée sur le petit bracelet qu’elle ne quitte jamais en dit long : « Ne t’arrête jamais de rêver ».

« On n’a pas le droit d’empêcher ces enfants de rêver. Ici, rien n’a changé depuis des décennies. Ils peuvent essayer de me flinguer, ça ne me gène pas si j’élève mes équipes. Je veux leur apporter du bien être dans l’intérêt général du foyer.»   











 



Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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