Nora*n’avait pas encore 17 ans quand elle a été approchée pour aller mener le Djihad en Syrie, en passant par Beauvais. La plainte très rapide de sa famille a arrêté sa fugue. C’est ainsi qu’Olivier Combe, commandant de la DGSI à Charleville-Mezières, a été chargé du suivi de la jeune fille. Mais l’accompagnement administratif a vite dérapé. En 2019 Nora* a dénoncé des viols, requalifiés depuis en abus sexuels. Elle abordait alors ses études de droit à Reims. L’enquête a par ailleurs permis de découvrir des milliers d’images à caractère pédopornographique au domicile de l’officier. L’affaire occupera, à elle seule et à huis clos, toute l‘audience correctionnelle de ce mardi 22 Juin 2021 à Reims.
La fonction du prévenu rend ce dossier particulièrement sensible. Olivier Combe a 59 ans aujourd’hui. En 2015 il était à la tête de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure des Ardennes, l’élite de la police. Il était chargé à ce titre de la surveillance des réseaux islamistes. Ce qui légitimait les convocations de Nora* dans son bureau de la préfecture de Charleville-Mezières. L’objectif officiel était bien de contribuer à sa déradicalisation, de l’empêcher de partir en Syrie.
DE LA CONFIANCE A LA MANIPULATION
La confiance des parents de Nora*, musulmans pratiquants, lui était acquise.
Rendez-vous en tête à tête ou combat d’escrime dans le club de la ville…rien n‘interdisait cet accompagnement parce qu’il s’inscrivait dans un cadre officiel, et par ailleurs rassurant pour la famille. Moins réglementaire, Olivier Combe se permettait aussi d’aller chercher *Nora en voiture à la sortie du lycée, de la conduire dans des lieux plus isolés, en forêt. Et l’ambiguïté s’est installée au fil des rencontres, comme l’emprise qu’il exerçait sur cette lycéenne très pudique, soumise à la fonction de son guide. Il l’éloignait peu à peu de sa famille, la persuadait que leur relation pourrait lui éviter une condamnation.
DÉRAPAGE “CONSENTI”
Elle lui était redevable de l’avoir aidée aprés sa très malheureuse expérience à Beauvais. Là où sa fugue lui avait alors valu d’être sexuellement agressée par celui qui prétendait l’épouser avant de convoler vers la Syrie. Olivier Combe a justifié le dérapage de sa relation avec Nora* par le fait qu’il en était tombé amoureux. Il a reconnu des relations sexuelles sans pénétrations, et consenties par la jeune fille. Ce qu’elle a formellement contesté. Aucun élément matériel ne permet de confirmer l’une ou l’autre de ces deux versions. Par contre, les perquisitions menées au domicile d’Olivier Combe se sont révélées particulièrement inquiétantes. Il était à la tête d’un véritable atelier informatique doté d’un matériel impressionnant : disques durs, clés USB, ordinateurs, tablettes…
UNE PEDOPORNOGRAPHIE COMPULSIVE
Le patron de la DGSI est apparu comme un informaticien de haut niveau, par ailleurs trés qualifié en électronique. Ces compétences lui ont permis de stocker des milliers de clichés pédopornographiques et de fréquenter des sites spécialisés dans les images de mineures à peine pubère. Olivier Combe filmait par ailleurs des jeunes filles dans la rue. Il réalisait aussi des photomontages, notemment à partir de l’image d’une enfant de dix ans à qui il avait imposé des attouchements. C’est ce qui a conduit la Fondation pour l’Enfance à se porter partie civile dans ce dossier. Olivier Baratelli, l’avocat de la fondation, veut rappeler à l’audience que les images dont il est question, “bouleversent l’innocence … et banalisent la perversité.” Il attend un procès “exemplaire et symbolique”
*Le prénom de la victime, mineure au moment des faits, a été modifié.
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Au terme d’une audience de 8 heures le Procureur de la République Matthieu Bourrette a requis une peine de 4 ans fermes, plus 3 ans de suivi socio-judiciaire avec 18 mois de prison supplémentaires en cas de non-respect, interdiction pendant 5 ans de toute activité professionnelle, inscription au fichier FIGES, interdiction pendant 5 ans de tout port d’arme.
En Avril 2022 la peine d’Olivier Combes a été confirmée en appel à un an de prison ferme pour détention d’images pdopornographiques. Il est relaxé des faits d’abus sexuels